Renault : Bénéfices en hausse, salaires en berne17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Renault : Bénéfices en hausse, salaires en berne

Renault a fait des profits records: son PDG, Schweitzer, crie victoire; toute la presse le relaie pour parler, comme l'écrit La Tribune, de cette "belle revanche" de l'industrie française, qui dépasse même General Motors.

Il est vrai que Renault, avec 3,55 milliards d'euros de profit net pour le groupe, en augmentation de 43% sur 2003, crève les plafonds. Quant à vouloir nous faire croire que tout ce qui est bon pour le PDG actuel, pour son successeur Carlos Ghosn et pour leurs actionnaires est bon pour les salariés, il y a une marge.

D'abord parce que la hausse des profits, qui jalonne la carrière de ces messieurs, est due, entre autres, aux 4000 licenciements à Vilvorde, aux plus de 20000 chez Nissan, passé sous contrôle de Renault, et aux réductions "naturelles" d'effectifs dans les unités de production qui ont rendu le travail de plus en plus pénible pour ceux qui restent.

Ensuite parce que le bénéfice qu'en retirent les travailleurs de Renault est à considérer avec d'autres lunettes que celles des journalistes et de la direction.

Pour les salariés de Renault, soit moins d'un tiers de l'effectif du groupe, le montant de l'intéressement pour 2004 s'élève à environ 3000 euros. Ceux des filiales ne sont pas logés à la même enseigne: dans le réseau commercial, ils touchent dix fois moins; quant aux intérimaires, ils sont purement et simplement ignorés. Pourtant une usine comme celle de Flins, dans la région parisienne, fonctionne avec en moyenne 15 à 20% d'intérimaires, dont certains sont sur place quasiment à l'année.

Deux mois de salaires de prime, c'est loin d'être négligeable mais cela ne vaut pas une véritable augmentation de salaire. Outre le fait que cette somme n'est pas soumise à cotisation sociale et donc n'est pas prise en compte pour la retraite, elle est éminemment variable: elle peut retomber à 500 euros comme en 2000 ou à zéro comme en 1997.

La direction a fait claironner partout, en même temps que l'annonce de ses bénéfices, le montant des augmentations de salaires qui serait de 4,5% pour 2005. C'est une façon très tendancieuse de présenter les choses: en réalité l'augmentation générale des salaires est de 1,6% sur l'année. Le reste est constitué d'augmentations individuelles, elles aussi très aléatoires. Les ramener à un pourcentage sur la masse salariale est une façon de noyer le poisson et les grosses augmentations des plus gros salaires dans la masse des "compléments de carrière" à dix euros.

Dans tout cela, les bénéfices les plus évidents, ce sont ceux des banques et des actionnaires: en remboursements et en hausse de dividende ils sont les premiers et les mieux servis. Les salariés touchent 6% des bénéfices, les actionnaires ont les 94% restants sans avoir eu besoin de travailler, eux.

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