Lycéens et enseignants dans la rue : Ils ont raison !17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Lycéens et enseignants dans la rue : Ils ont raison !

Mardi 15 février, lycéens et enseignants se sont retrouvés nombreux dans la rue pour protester contre la nouvelle "réforme" venant en discussion à l'Assemblée nationale, celle de la loi Fillon sur l'Éducation nationale.

La semaine dernière déjà, les manifestations de lycéens allaient en s'amplifiant contre la loi Fillon. Le ministre de l'Éducation nationale a marqué un premier recul en retirant un des aspects contestés de sa loi, celui concernant le baccalauréat. Mais pour le reste, il affirme vouloir maintenir sa "réforme", et lycéens comme enseignants ont maintenu leur appel à manifester.

À juste titre! Car bien au-delà de tel ou tel changement envisagé pour le bac, les lycéens protestent contre la dégradation de la situation dans l'Éducation nationale. Des classes sont fermées, des postes d'enseignants supprimés, la variété de l'enseignement appauvrie par la suppression d'options, des travaux pratiques élagués. Toutes les mesures proposées par la "réforme Fillon" découlent d'une seule et même préoccupation: faire des économies au détriment de l'enseignement.

Le gouvernement freine les crédits à l'Éducation nationale, comme il freine les crédits à la Santé, aux transports collectifs. Réduire, dans le budget de l'État, la part qui est consacrée à ce qui est utile à l'ensemble de la population, pour pouvoir augmenter la part qui est consacrée à subventionner le grand patronat, voilà le sens de la politique menée.

La politique de restrictions de crédits à l'Éducation nationale n'a pas commencé avec Fillon. C'est à un ministre socialiste, Claude Allègre, que revient la paternité de l'expression méprisante pour la désigner: "Il faut dégraisser le mammouth".

Ce sont les lycées et les écoles des quartiers populaires qui souffrent en premier des restrictions de crédits. Ce sont pourtant les enfants des classes populaires, qui vivent dans des conditions matérielles difficiles, dont le milieu familial est moins à même de leur transmettre un certain niveau d'éducation et de culture, qui devraient bénéficier de plus de crédits pour compenser, un peu, des inégalités sociales profondes.

C'est l'inverse qui se passe. C'est aux enfants des classes populaires que sont réservées les classes les plus chargées. C'est dans les écoles des quartiers populaires qu'on supprime ou regroupe des classes. C'est à juste raison que les lycéens protestent contre "l'école à deux vitesses", l'une réservée aux enfants des couches aisées et l'autre aux enfants des classes populaires, à l'abandon.

Les travailleurs sont bien placés pour savoir que chaque fois que ce gouvernement prononce le mot "réforme", il s'agit de nouveaux coups contre eux. La "réforme" des 35 heures oblige à travailler plus sans gagner plus, alors même que le patronat et le gouvernement ne sont pas capables d'assurer un travail et un salaire corrects, ni aux trois millions de chômeurs ni aux trois autres millions qui n'ont qu'un emploi précaire. La "réforme" des retraites accroît le nombre d'années travaillées pour une retraite amputée. Les "réformes" de la Sécurité sociale consistent à faire payer plus en CSG, en forfait hospitalier ou en augmentation des prix de la consultation chez le médecin.

Toutes ces "réformes", au-delà de leur diversité, visent à accroître la part des classes possédantes dans le revenu national, au détriment du monde du travail et au détriment des services publics.

Aussi les lycéens et les enseignants qui, pour protester contre cette réforme de plus, ont choisi de descendre dans la rue, ont raison et méritent toute notre solidarité.

Mais il faudra surtout que tous ces mouvements contre la politique menée par le patronat et le gouvernement, qui conduisent la société à la catastrophe, confluent vers une contre-offensive générale assez puissante pour leur faire peur et les contraindre à reculer.

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