L'ouverture des magasins le dimanche : Une attaque supplémentaire contre les salariés17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

L'ouverture des magasins le dimanche : Une attaque supplémentaire contre les salariés

Le ministre de l'Industrie, Patrick Devedjian, s'est déclaré favorable à l'ouverture des magasins de prêt-à-porter le dimanche, en commençant par porter les autorisations d'ouverture de cinq à huit dimanches par an. Le but déclaré serait de soutenir le textile français, de favoriser la consommation et l'emploi.

"Le textile français affronte un grave défi, celui de l'augmentation massive de l'importation de certains textiles chinois depuis la suppression des quotas", a déclaré Devedjian. Mais en quoi l'ouverture dominicale des magasins de prêt-à-porter pourrait-elle contrecarrer une éventuelle concurrence chinoise, à moins de n'autoriser que la vente des habits "made in France", ce qui est aussi ridicule qu'irréalisable?

Que cela puisse favoriser la consommation est tout autant dénué de sens, car ce qui sera acheté le dimanche ne le sera pas le lundi, comme le fait remarquer lui-même le président de la Fédération nationale de l'habillement, hostile à cette proposition. Le faible pouvoir d'achat d'une bonne partie de la population permet déjà difficilement, et pas toujours, de couvrir les dépenses indispensables; l'ouverture des magasins le dimanche ne fera pas dépenser un euro de plus à ceux qui ne l'ont pas.

Devedjian, reprenant le refrain à la mode, a affirmé qu'il ne "comprend pas que l'on puisse interdire aux gens de travailler alors qu'on a autant de chômeurs". Ce qu'il propose, lui, reviendrait à les autoriser à travailler... un jour par semaine, huit fois par an, avec le salaire qui va avec! Comme tous les membres du gouvernement, la "liberté du travail" qu'il défend est la liberté pour le patronat de s'en prendre comme il le souhaite aux droits des travailleurs. Il est évident que cette ouverture ne pourra pas créer des emplois, la plupart des commerçants se contenteront d'obliger leurs salariés à venir travailler le dimanche, sans même avoir à les payer en heures supplémentaires, puisque ce serait un jour ouvrable comme les autres.

Bien sûr, l'ouverture dominicale des magasins pourrait rendre service à beaucoup, qui n'ont pas le temps de faire leurs courses un autre jour. Dans une société organisée avec humanité et dans l'intérêt de la population, où les salariés pourraient vraiment choisir ce qu'ils souhaitent, ce type de problème pourrait se résoudre facilement. Mais dans le contexte actuel, c'est une tentative supplémentaire pour imposer à des travailleurs n'importe quels horaires de travail à un salaire toujours plus bas. Comme à chaque fois que le gouvernement ou le patronat évoquent une nouvelle mesure présentée comme étant "d'intérêt général".

La proposition d'ouverture des magasins le dimanche s'intègre dans cette campagne menée contre les droits des travailleurs et ceux-ci, même en tant que consommateurs, n'en tireraient aucun profit, bien au contraire.

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