Hôpitaux publics : Les leçons de la canicule restent à tirer!17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Hôpitaux publics : Les leçons de la canicule restent à tirer!

En un mois, plus d'un million de personnes ont été frappées par la grippe et près de deux millions atteintes par la gastro-entérite. Si on y ajoute tous ceux qui ont un rhume, une angine ou toute autre affection hivernale, c'est vrai que cela fait du monde. Heureusement, dans leur immense majorité, les malades sont soignés à domicile. Peu nombreux sont ceux qui se rendent directement ou sont dirigés par leur médecin vers l'hôpital mais, le 10février, cela a suffi à provoquer une situation d'obstruction complète dans certains services d'urgences. Et on a revu au journal télévisé ces couloirs d'hôpitaux encombrés par des brancards où des personnes âgées attendaient pendant des heures, dans des conditions indignes, qu'on leur trouve un lit.

Échaudé par la catastrophe de la canicule de l'été 2003, le gouvernement a déclenché dans plusieurs régions le "Plan blanc", destiné à mobiliser des moyens et du personnel quand il s'agit de faire face à une situation sanitaire exceptionnelle. Douste-Blazy, le ministre de la Santé, a déclaré: "Nous devons tirer les leçons de ce qui s'est passé en août 2003 dès l'instant où les urgences nous donnent des informations sur des listes d'attente importantes et sur leurs services saturés dus à la double épidémie." Mais il n'a rien compris ou alors il fait semblant.

Si la canicule de l'été 2003 était inhabituelle, les épidémies de cet hiver n'ont rien d'exceptionnel. Si on en croit les spécialistes, la grippe 2005 n'est pas plus sévère que celle des autres années; ils en donnent pour preuve "la très faible proportion de patients grippés hospitalisés (0,15%)". L'obstruction des services d'urgences à laquelle on assiste aujourd'hui n'est pas liée à une situation sanitaire exceptionnelle, mais à l'état de détérioration dans lequel se trouve l'hôpital public après une politique acharnée d'économies et de fermetures de lits menée depuis des dizaines d'années par les gouvernements qui se sont succédé. Déjà, en temps normal, en dehors de toute épidémie ou autre situation sanitaire exceptionnelle, dans la plupart des services d'urgences des hôpitaux des grands centres urbains, le personnel est débordé et il faut souvent attendre des heures avant d'être pris en charge. Et, quand un malade arrivé aux urgences doit ensuite être hospitalisé dans un service de spécialité, il faut encore attendre des heures, parfois des jours, avant qu'un lit se libère. Dans ce contexte, il suffit d'un virus hivernal, pourtant attendu, pour que, de l'encombrement des services, on passe à leur asphyxie.

Pour "tirer les leçons de ce qui s'est passé en août 2003", il faudrait que l'État investisse l'argent public nécessaire dans l'hôpital et dans tout ce qui est indispensable à la santé. Au lieu de cela, les gouvernants n'ont qu'une idée en tête: faire de l'hôpital public une entreprise commerciale, c'est-à-dire rentable. Des économies sont réalisées sur tous les postes. Des emplois ont été supprimés, des lits ont été fermés. À l'exemple des entreprises industrielles, l'hôpital travaille désormais "à flux tendu". C'est une gestion criminelle car si, demain, une véritable catastrophe sanitaire survenait, de même ampleur que la canicule, elle aurait les mêmes conséquences.

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