Fonderies du Poitou - Ingrandes (Vienne) : L'incendie, prétexte à de nouveaux sacrifices!17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Fonderies du Poitou - Ingrandes (Vienne) : L'incendie, prétexte à de nouveaux sacrifices!

Mercredi 9 février, quatre semaines après qu'un violent incendie eut détruit les installations électriques alimentant les fours de fusion, la fabrication des carters-moteurs a repris sur une des deux lignes de production à la Fonderie du Poitou Fonte. La seconde ligne devrait en principe redémarrer le 5 avril, après réparation des installations.

Bien que nous ne soyons évidemment en rien responsables de cet incendie, nous en avons cependant subi les conséquences en matière de salaire. Les jours chômés, même s'ils ont été plus ou moins répartis puisque nous avons assuré à tour de rôle certaines tâches pendant l'arrêt de production, ne sont en effet indemnisés qu'à 50% du taux horaire brut. Nous avons aussi perdu un certain nombre de jours de congés et, à terme, nous perdrons encore sur la prime d'assiduité.

Non contents de nous avoir fait risquer notre peau lors de l'incendie, puis de nous imposer des sacrifices financiers quand les actionnaires peuvent dormir sur leurs deux oreilles à l'abri des assurances et des profits accumulés, voilà que les patrons en profitent pour remettre en cause de manière très défavorable l'organisation du travail.

Sous prétexte de mettre les bouchées doubles pour rattraper les livraisons annulées et de reconstituer les stocks en dépit de la mise en oeuvre d'une seule ligne de production, la direction a en effet imaginé de nous faire travailler le week-end jusqu'au redémarrage complet des installations, début avril donc, en principe.

Ainsi ceux qui sont en 2x8 travailleraient du lundi 5 h 30 au samedi 12 h 30 quand ils sont du matin, tandis que l'après-midi nous serions présents du lundi 13 h au samedi 20 h. L'équipe de nuit devrait être présente du dimanche 21 h au samedi 5 h 30. Finis les deux jours de repos consécutifs dont nous disposions jusqu'à présent le week-end, le deuxième jour étant accordé en semaine au gré de l'encadrement. Et tout ça avec une prime dérisoire de 20euros brut en guise de seule compensation par jour de week-end travaillé

Peut-être les patrons espéraient-ils que le soulagement de voir l'usine redémarrer allait éteindre toute velléité de réaction.

Pour emporter le morceau, le directeur y est allé de grandes déclarations à la presse appelant à la "responsabilité" de tous, et annonçant le lancement à la fonderie d'Ingrandes des études en vue de la fabrication du nouveau petit moteur diesel destiné à équiper certains modèles de Fiat et d'Opel - General Motors. Mais si nous voulons bien croire que le "dieselino" en question résistera au divorce annoncé entre Fiat et General Motors, nous n'allons pas pour autant accepter n'importe quoi.

Avant même la reprise, nous avons voté contre le projet des patrons lors d'une assemblée le 4 février, et débrayé dans chaque équipe à l'appel des syndicats CGT et UDT (Autonomes) le 7. Comme la direction ne voulait rien entendre, nous avons remis ça mercredi 9février, jour du redémarrage de la production.

Les syndicats, qui demandaient en outre le paiement des jours chômés, ont souligné le fait que l'accord d'entreprise signé en septembre 2003 prévoyait expressément "en cas de suractivité ou de circonstances exceptionnelles la création d'équipes de suppléance le week-end, constituées de salariés de l'entreprise sur la base du volontariat, d'intérimaires ou de personnels en CDD". Pas question, a répondu la direction, qui a montré quel cas elle fait des accords qu'elle signe. Le directeur des Ressources humaines a vu dans les débrayages "la preuve totale de l'irresponsabilité de la CGT et de l'UDT". Il a tout de même estimé plus prudent de proposer une prime de 35euros en lieu et place de sa première proposition. Le compte n'y est évidemment pas.

Enfin, à la fonderie Aluminium, qui jouxte la fonderie Fonte, nous avons suivi de près les événements de la Fonte. Nous avons beau être séparés juridiquement depuis quelques années, et dépendre du Fonds d'investissement Questor, nous restons évidemment dans le même bateau. Si l'incendie de janvier ne s'est par chance pas étendu à l'Aluminium, nous n'avons par contre pas tardé à vérifier que nous courons les mêmes risques. Quelques jours après l'incendie de la Fonte, le feu s'est en effet déclaré à deux reprises en l'espace de 48 heures sur une installation de puissance. Or la bouteille de gaz qui servait d'extincteur n'a été remplacée que 24 heures après son déclenchement. On a eu de la chance que le feu, lui, ait daigné attendre deux jours avant de se déclarer à nouveau...

La direction de l'Aluminium a maintenant entrepris des modifications de sécurité, mais ces gens-là, qui savent si bien transformer la fonte et l'aluminium que nous produisons en or, sont tout de même bien des irresponsables à mettre sous haute surveillance!

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