États-Unis : Le maccarthysme, un épisode d'intolérance17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis : Le maccarthysme, un épisode d'intolérance

Les États-Unis sont volontiers célébrés comme le modèle de la démocratie et de la liberté, voire comme son bouclier ou son champion à travers le monde. C'est passer vite sur la réalité.

Un épisode de la vie de l'écrivain Arthur Miller, mort il y a quelques jours, a permis d'évoquer l'un des épisodes -et ils sont multiples- qui montrent une tout autre image des traditions de cette Amérique. Arthur Miller fut un de ces intellectuels qui, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, fut mis sur la sellette par la Commission des activités antiaméricaines présidée par un sénateur de sinistre mémoire, Joseph McCarthy. Ayant refusé le chantage à la délation que voulait lui imposer cette commission, il fut condamné pour "outrage au Congrès", comme le furent d'autres personnalités du monde des lettres, du cinéma, mises au ban de la société et réduites au silence. Il s'agissait essentiellement de ceux qui ne s'inclinaient pas devant les exigences de l'anticommunisme débridé, obsessionnel, de l'inquisition maccarthyste.

De la "chasse aux sorcières" américaine de ces années-là, entre 1950 et 1954, on a surtout retenu les condamnations et la mise sur liste noire de scénaristes et metteurs en scène d'Hollywood, d'artistes, d'auteurs sommés de donner les noms de leurs amis "communistes" et de renier leurs opinions, pour ceux qui en avaient. Car cette commission ne s'embarrassait pas de détails. Ce n'est pourtant qu'un des aspects de cette période.

L'après-guerre avait été marquée par une vague de grèves, en réaction contre le chômage et la hausse du coût de la vie. Le patronat voulait mettre au pas les syndicats combatifs animés par des militants radicaux, parfois liés au PC américain mais pas toujours. Dès juin 1947, la loi Taft-Hartley mit les syndicats sous tutelle. Les dirigeants syndicaux se plièrent à cette loi, prêtèrent serment qu'ils n'étaient pas communistes. Même ceux qui l'étaient le firent, ce qui ne leur évita pas d'être par la suite exclus et condamnés. Un million de syndiqués, le cinquième des effectifs de la centrale, la CIO, se retrouvèrent en dehors des syndicats. En outre, une centaine de responsables furent condamnés à des années de prison.

Voilà un des faits d'armes de cette démocratie américaine que dénonça entre autres Arthur Miller, qui eut à la subir. Sa pièce de théâtre intitulée Les Sorcières de Salem évoque précisément cet épisode... de chasse aux sorcières.

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