Éducation nationale : La "réforme" bidon de Fillon17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation nationale : La "réforme" bidon de Fillon

Les députés ont commencé à discuter du projet de loi d'orientation pour l'école proposé par Fillon, alors que le mouvement pour le retrait de ce projet s'amplifie parmi les lycéens.

Pour Fillon, il s'agirait "d'atteindre l'objectif de la réussite de tous les élèves". Comme il ne peut dire ouvertement que son projet vise uniquement à réduire le budget de l'Éducation nationale, en réduisant la formation des jeunes et en faisant travailler davantage les personnels du secteur, il trafique les chiffres ou les présente de manière tendancieuse et se répand en mensonges et en contre-vérités.

Ainsi, prétend-il, "depuis vingt ans, le nombre d'enseignants a augmenté de plus de 100000, alors que celui des élèves diminuait de 500000". Ces chiffres sont invérifiables, mélangent tout, se rapportent à des formations qui ont évolué, mais qu'importe puisque l'important est de brouiller les esprits et les pistes.

Selon lui, sa réforme permettrait "trois heures de soutien à tous les élèves en difficulté, un plan sans précédent pour l'apprentissage des langues étrangères, la multiplication par trois des bourses au mérite, la multiplication par cinq des dispositifs relais contre les violences scolaires, le tout représentant un effort financier de l'ordre de deux milliards d'euros et la programmation de 150000 recrutements d'enseignants d'ici à cinq ans".

Fillon fait semblant de s'y connaître en multiplication. C'est surtout un spécialiste du conte. Les deux milliards d'euros dont il parle, à bien y regarder, ne représentent pas des crédits nouveaux. Ils seront récupérés sous forme de "redéploiements" de moyens existant ailleurs. Les 150000 personnes que Fillon affirme vouloir recruter ne sont pas 150000 enseignants supplémentaires pour effectuer ce plan "sans précédent" comme il le laisse entendre, mais seulement le recrutement nécessaire pour pallier le départ en retraite prévu de nombreux enseignants dans les années qui viennent.

Mais Fillon s'y connaît encore bien davantage en soustractions. De ce côté, le tableau prévu par la loi d'orientation est noir.

La maternelle pour les plus jeunes enfants, pourtant si nécessaire pour les apprentissages fondamentaux dans les milieux modestes, est remise en cause. Quant à l'école primaire, pourquoi ne pas répondre à la revendication ancienne des instituteurs, qu'il y ait plus d'enseignants que de classes? Cela permettrait véritablement de prendre les élèves par petits groupes pour l'acquisition du "socle commun" si cher à Fillon. Cela serait certainement autrement efficace que les trois heures de soutien individuel hebdomadaire qu'il promet, qui constitueront une charge de plus pour des équipes enseignantes déjà surchargées dans les établissements dont les élèves ont particulièrement besoin de soutien.

Dans ces conditions, il est probable qu'à l'avenir des dizaines de milliers d'élèves -80000 selon Fillon- continuent à entrer en sixième sans savoir correctement lire, écrire, compter. Au-delà de ses déclarations d'intention, ce n'est certainement pas un problème pour Fillon qui, avec sa loi, compte envoyer en apprentissage ces élèves, et d'autres, dès la fin de la cinquième, ou vers des classes à orientation professionnelle anticipée dès la troisième.

Cela entraînerait la réduction du nombre de classes générales dans les collèges et les lycées ainsi écrémés. À cela, s'ajoutent la diminution des options, la réduction du coût de l'organisation du baccalauréat, en faisant effectuer par les enseignants les épreuves de contrôle continu. Telle est la recette Fillon: un système de formation amputé au niveau des moyens mis à la disposition de l'éducation des jeunes, et surtout ceux des milieux populaires qui devraient au contraire bénéficier de plus d'attention et d'encadrement éducatif.

Fillon a beau mentir, ceux qui fréquentent les établissements scolaires affrontent une réalité qui aujourd'hui n'est déjà pas brillante. Dans les collèges et les lycées, le nombre des personnels administratifs et d'entretien, de surveillance, de remplacement, a été considérablement réduit ces dernières décennies. Les jeunes qui manifestent ne veulent pas que la dégradation s'accélère, et ils ont bien raison.

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