Éducation nationale : La gauche a la mémoire courte17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Éducation nationale : La gauche a la mémoire courte

Jack Lang, qui fut entre autres ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement Jospin, se pavane sur toutes les chaînes de télévision devant des caméras complaisantes, à défaut de rechercher l'originalité. Il critique son successeur Fillon, sur le ton de l'ancien qui s'adresse à un bleu. C'est de bonne guerre. Mais cela témoigne d'une mémoire défaillante.

Car contrairement à ce qu'il prétend aujourd'hui, le Parti Socialiste a mené dans l'Éducation nationale une politique comparable à celle qu'il reproche aujourd'hui à la droite. Les conséquences en ont été les mêmes: des classes de plus en plus surchargées dans les zones de banlieue, des difficultés accrues pour les enseignants et les élèves. Pas étonnant que des mouvements de protestation se soient multipliés contre une situation qui ne cessait déjà de s'aggraver.

Ainsi, en 1990, les lycéens descendirent dans la rue pour protester contre le manque de moyens. Jospin, alors ministre de l'Éducation nationale dans le gouvernement de Michel Rocard, lâcha bien cent postes de surveillants et mille de personnels administratifs, mais aucun enseignant. La situation continua donc à se dégrader. En 1998, la grève des enseignants de la Seine-Saint-Denis démarra suite au rapport d'un recteur révélant que ce département était nettement moins bien pourvu que Paris. Sur les six mille postes réclamés par les enseignants en grève, Allègre, ministre socialiste lui aussi, de triste renommée, n'en accorda que trois mille, étalés sur trois ans, en les prenant aux autres départements. Le résultat ne se fit pas attendre! À l'automne de la même année les lycéens de tout le pays descendaient dans la rue, exaspérés par la surcharge des classes de seconde et de terminale. Allègre promit alors qu'il n'y aurait plus de classes de terminales à plus de 35 élèves, ce qui était encore beaucoup trop, embaucha quelques enseignants sous statut précaire pour donner le change, et la situation ne s'améliora pas. Ses promesses non tenues suscitèrent de nouvelles manifestations l'année suivante, en 1999. Les écoles primaires aussi eurent à subir les coupes claires de ce ministre socialiste, ce qui provoqua la colère des instituteurs, notamment dans la région du Gard ou de l'Hérault pour l'an 2000.

Comme si cela ne suffisait pas, Allègre tenta de mettre sur pied une réforme des lycées professionnels qui y réduisait les horaires d'enseignement, ce qui se traduisait par la suppression d'un maximum de postes. Devant la mobilisation enseignante qui s'ensuivit, Jospin jugea préférable de renvoyer son ami Allègre à ses chères études, position d'où il ne manque pas, depuis, de distribuer des bons points aux ministres de droite qui poursuivent son programme, résumé par la fameuse formule: "Il faut dégraisser le mammouth".

Avec de tels états de service, la gauche est bien placée pour donner des leçons de rigueur à la droite. Avec son éventuel retour au pouvoir, les maux dont souffre l'Éducation nationale ne seraient pas plus résolus que du temps où le PS exerçait les responsabilités gouvernementales.

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