Croisières de rêve... L'envers du décor17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Croisières de rêve... L'envers du décor

De 1998 à 2002-2003, selon l'Association de défense des personnels des croisières Nouvelles Frontières (ACNF), ce voyagiste, N°1 du tourisme en France et N°2 en Europe, usait de bien curieuses méthodes à l'égard de salariés qu'il avait recrutés pour organiser et animer ses croisières touristiques.

Leurs contrats de travail étaient établis, en anglais, par des sociétés domiciliées à Gibraltar, à Monaco, aux îles Vierges, bref dans ce qu'on appelle des paradis fiscaux. Quant aux salaires, ils étaient bien souvent versés de la main à la main. Et pas de Sécurité sociale, d'Assedic, de retraite pour ces salariés puisque leur employeur n'y cotisait pas -il n'y a pas que fiscalement, mais socialement aussi, que certains pays sont paradisiaques... pour les patrons. Quant à "ceux qui ont insisté pour être régularisés, ils ont été remerciés", rappelle l'ACNF.

Alors, quand Nouvelles Frontières (NF) a décidé de cesser d'affréter directement ses propres navires pour ses croisières, donc d'avoir à bord son propre personnel d'encadrement, ces travailleurs se sont retrouvés sans travail, ni protection sociale et droit au chômage. NF, qui avait déjà fait l'économie de charges sociales en passant par des sociétés off-shore, réalisait "au passage une seconde économie: celle d'un plan social!", remarque l'ACNF.

Parmi la centaine de salariés -bien sûr, ce chiffre est une estimation- ayant travaillé en tant que personnel NF à bord de ses paquebots de luxe, certains ont décidé d'attaquer en justice, et d'abord devant les Prud'hommes, leur employeur de fait.

Celui-ci nie tout lien de travail et de subordination avec des salariés dont certains ont pourtant été recrutés au sein même de Nouvelles Frontières, ont travaillé dans ses locaux entre deux croisières, avec parfois un téléphone, une adresse électronique NF à leur nom! Jacques Maillot, ancien PDG de Nouvelles Frontières, et actuel président d'Eurotunnel ainsi que dirigeant de la revue Témoignage Chrétien, prétend ne pas les connaître. Même chose pour les nouveaux dirigeants du tour-opérateur, depuis que NF a été racheté par TUI -l'ex-Preussag, qui fut actionnaire, entre autres, de Métaleurop avant de s'intéresser de plus près au tourisme... Apparemment, cela ne lui réussit pas si mal, puisque les dirigeants de TUI "multiplient les bons résultats financiers", dit le porte-parole de l'Association de défense des personnels des croisières Nouvelles Frontières, bien décidée, malgré tout, à forcer NF à rétablir dans leurs droits ceux qu'elle a employés, puis jetés. Et Nouvelles Frontières en a plus que les moyens.

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