Chine : Plus de 200 morts d'un coup de grisou17/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1907.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Chine : Plus de 200 morts d'un coup de grisou

Un nouvel accident grave s'est produit dans les mines chinoises lundi 14 février. Le bilan officiel fait état d'ores et déjà d'au moins 203 morts dans la mine de charbon de Sunjiawan, à Fuxin, dans la province du Liaoning, une des plus anciennes régions minières située au nord-est du pays. D'autres mineurs encore, on parle de vingt-huit, ont été brûlés dans l'explosion ou empoisonnés par le monoxyde de carbone.

Selon les sources gouvernementales, l'origine précise de la catastrophe n'est pas encore déterminée, mais on sait que l'exploitation de la mine de Sunjiawan se déroulait à 242 mètres de profondeur et que les conditions d'extraction du charbon sont telles que le Premier ministre Wen Jiabao en personne, en visite courant janvier dans les familles de mineurs endeuillées du Shaanxi, s'était senti obligé de prendre position pour que de meilleures conditions de sécurité soient mises en place dans l'industrie minière. Il intervenait ainsi officiellement après les deux catastrophes minières d'octobre et novembre 2004, qui avaient causé respectivement, dans le Henan, 148 victimes, et dans le Shaanxi, 166.

Les statistiques gouvernementales font état de 6027 mineurs tués dans le courant de l'année dernière. Mais l'organisation China Labor Watch, basée à Hong Kong, affirme que la réalité s'approcherait de 20000 décès par an. C'est la demande d'énergie croissante qui provoquerait l'exploitation furieuse des mines et surtout des mineurs, la Chine dépendant à 80% du charbon pour produire son électricité. Et bien que le gouvernement se soit à plusieurs reprises engagé à faire fermer les mines "non conformes", des milliers de mines privées continuent à produire du charbon dans des conditions, semble-t-il, incontrôlables. En l'occurrence, l'explosion mortelle de Fuxin s'est produite dans une mine d'État! On imagine sans peine que la demande en expansion, le droit du travail plus que théorique et les bas salaires constituent un ensemble de pressions relayées par les directeurs et propriétaires des mines et face auxquelles les mineurs paraissent actuellement désarmés.

La responsabilité du gouvernement, qui s'est donné pour objectif cette année de réduire le nombre de morts dans les mines... de 3%, est évidente. Et derrière lui, on voit ce que signifient ces fameux 9% de croissance admirés des économistes et enviés dans le monde occidental, qui se bâtissent, comme deux siècles plus tôt dans l'Europe industrielle, dans la faim et le sang.

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