Le «progrès» à la sauce ministérielle09/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1906.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Le «progrès» à la sauce ministérielle

Un CDD de trois ans renouvelé une fois: cela fait six ans de précarité. C'est ce que Renaud Dutreil, le ministre de la Fonction publique, considère comme un vrai «progrès social»! Au bout de six ans, l'administration devra transformer le CDD en CDI... si elle veut conserver l'employé. Sinon, elle n'a qu'à en prendre un autre pour six ans! Les seuls qui vont voir leur CDD automatiquement transformé en CDI sont les personnes de plus de 50 ans... à condition d'avoir travaillé au moins huit ans en CDD!

Il est tout de même honteux que l'administration en prenne autant à sa guise avec les contractuels. Le droit du travail qui s'applique aux entreprises privées, pourtant déjà tout à l'avantage de l'employeur, ne tolère pas de telles situations. Il n'autorise qu'un seul renouvellement de contrat à durée déterminée et pour une durée totale de 18 mois. Si Renaud Dutreil a déposé ce projet de loi qui tend à fixer des limites, bien larges, à l'exploitation systématique des CDD, c'est pour se mettre en conformité avec une directive européenne qui limite le recours aux CDD.

Pas moins de 250000 personnes sont concernées par ce projet de loi dans l'ensemble de la fonction publique. Il n'est même pas sûr que cela empêchera désormais des scandales tels que ces 108 CDD infligés successivement à une employée de La Poste de 1999 à 2003.

Mais au fait, pourquoi une nouvelle loi? Ne serait-ce pas la moindre des choses que la fonction publique commence par respecter la législation existante appliquée au privé, et qui n'est pourtant pas mirobolante pour les salariés? Dutreil veut simplement consacrer le régime d'exception que s'autorisent les pouvoirs publics...

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