Élèves et enseignants mécontents09/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1906.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Élèves et enseignants mécontents

Après la manifestation du samedi 5 février, qui a regroupé un grand nombre de lycéens et d'enseignants dans tout le pays, les lycéens sont de nouveau descendus dans la rue. Ainsi à Paris, le mardi 8 février, ils étaient près de deux mille à manifester. Ils devaient de nouveau se donner rendez-vous dans la rue, jeudi 10 février, avant la journée de grèves et de manifestations du mardi 15 février pour la région parisienne, seule zone qui ne sera pas en vacances à cette date.

Le ministre de l'Éducation nationale, Fillon, provoque le mécontentement de tous, lycéens, enseignants, comme parents. En effet, les mesures envisagées dans son projet, comme le fait de réduire l'enseignement à un socle minimum de connaissances, de permettre l'orientation des élèves très tôt au collège ou de soumettre l'obtention de moyens en heures d'enseignement dans les établissements secondaires, encore plus qu'actuellement, au bon vouloir de l'inspecteur d'académie ou du recteur, ont de quoi choquer.

Mais le plus grave est ce qu'il y a derrière ce projet: la volonté de faire des économies sur le dos de l'éducation. Le gouvernement envisage de supprimer 5500 postes d'enseignants pour la rentrée 2005, de ne créer que 700 postes pour le 1er degré, alors qu'il en aurait fallu bien plus pour faire face à l'augmentation de plus de 50000 élèves dans les écoles à la rentrée prochaine. En fait, outre les enseignants, il envisage de diminuer les effectifs de tout le personnel qui permet à un niveau ou à un autre le fonctionnement des établissements scolaires: surveillants, personnel de service, infirmières, assistantes sociales, ou encore personnel administratif.

Toutes les décisions des académies ou des rectorats, toutes les prétendues «idées» du ministre découlent de ces coupes claires: les fermetures de classes, la suppression de filières, la fermeture de collèges, de lycées d'enseignement professionnel, la diminution des heures d'enseignement allouées aux établissements pour le second degré. Pour ne donner qu'un exemple, en Seine-Saint-Denis, 42 lycées sur 51 sont touchés par les baisses de la dotation horaire globale, la DHG. Il faut ajouter la suppression des dédoublements, des heures consacrées au travail en petits groupes et de bien des options, qui en découle. Et comme les élèves seront là en chair et en os à la rentrée scolaire 2005, il risque fort d'y avoir encore plus de classes surchargées. Il sera donc encore plus difficile pour les jeunes des quartiers et des communes populaires d'étudier dans de bonnes conditions.

Cette politique d'économies n'est pas nouvelle, quoi qu'en disent aujourd'hui les dirigeants socialistes, Lang et les autres. Elle a même été menée par tous les gouvernements, de gauche comme de droite. Les projets de Fillon ressemblent comme deux gouttes d'eau à ceux du ministre socialiste de l'Éducation nationale Allègre, celui qui parlait de «dégraisser le mammouth» de l'Éducation nationale. Seules les grèves auxquelles il dut alors faire face l'empêchèrent de trop «dégraisser».

Alors, ceux qui tentent de réagir et qui feront grève le 15 et après ont raison, car les grèves et les manifestations, les plus nombreuses possibles, les plus larges possibles, sont vraiment les seuls moyens pour arrêter cette hémorragie de moyens en personnels dans le domaine de l'éducation.

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