Centre régional des Services financiers - La Poste Bordeaux : Apprentissage, brevet supérieur d’exploitation09/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1906.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Centre régional des Services financiers - La Poste Bordeaux : Apprentissage, brevet supérieur d’exploitation

Depuis 2002, La Poste organise des formations en apprentissage en alternance pour des jeunes de 18 à 25 ans. Mais aux Centres de Chèques (CRSF) de Bordeaux, Toulouse et La Source, pour les années scolaires 2002-2003 et 2003-2004, ces jeunes n'ont eu droit à aucune rémunération, contrairement à ce qui s'est pratiqué dans d'autres centres, notamment à Marseille, et à ce qui est prévu par la loi et les directives nationales de La Poste.

À Bordeaux, La Poste a embauché ces jeunes sous forme de stages non rémunérés. Ils faisaient quinze jours en milieu scolaire et quinze en entreprise, dont une semaine en bureau de poste et l'autre au CRSF. Ils auraient dû avoir un vrai contrat en alternance, sous-payés certes, mais payés tout de même, de 887,50 euros, pour les jeunes de 18 à 20 ans, à 1066,27 euros pour les plus âgés.

Pour contourner cette réglementation, la direction a signé une convention de stage (un stage de neuf mois!) avec un lycée professionnel qui stipulait que ces élèves ne pouvaient prétendre à aucune rémunération. Les jeunes ne trouvaient pas cela très normal, mais la direction leur a répondu que cela se faisait partout ainsi. La Poste leur faisait préparer un diplôme «Mention complémentaire en services financiers» (qui n'est reconnu que par La Poste), et miroiter un CDI à la clef.

Lors de la première session, en 2002-2003, sur les 20 élèves ayant suivi la formation, seuls 18 ont obtenu un CDI au CRSF ou dans les bureaux de poste. L'année suivante, sur 26 élèves, 11 ont été virés sans explication. La direction a imposé aux 15 autres un CDD de six mois, en prétextant que l'enveloppe des CDI était épuisée pour l'année 2004.

C'est en se renseignant, pour savoir si cela se passait ainsi dans les autres centres de La Poste, que la CGT du CRSF de Bordeaux a appris qu'à Marseille les apprentis étaient payés depuis 2002, avec un contrat d'apprentissage en bonne et due forme, c'est-à-dire un CDD avec tous les droits afférents: rémunération, droits à la retraite, congés payés, primes dues à l'ensemble du personnel, mais aussi reprise d'ancienneté lors du CDI et chômage payé par La Poste pour ceux qui n'étaient pas retenus. À Bordeaux, la direction s'est bien gardée de donner le moindre centime!

Lorsque les 16 apprentis ayant eu un CDI au CRSF de Bordeaux se sont réunis, ils ont donc été révoltés en apprenant l'arnaque grand format de La Poste. Ils ont raconté ce qu'ils avaient vécu pendant leur année d'apprentissage: pas de rémunération d'apprenti, mais pas de statut étudiant non plus, donc pas de réduction sur les transports, alors que certains ont fait plusieurs dizaines de kilomètres pour leurs stages en bureau de poste. N'étant pas salariés de La Poste, pas de réduction à la cantine. Sans compter que certains parents ont dû emprunter pour faire face à tous ces frais.

Mais s'ils n'étaient pas salariés de La Poste, ils en ont bien souvent fait le travail, en tenant seuls des guichets ou en venant des samedis matins pour remplacer les titulaires absents. Et cela en toute illégalité.

Pour la promotion 2003-2004, la direction a ressenti la nécessité de se couvrir en leur faisant faire des «vrais» CDD d'un jour, parfois même... à temps partiel (8h30-14h30), comme les 24 et 31 décembre, où les bureaux fermaient plus tôt! Mais ceux qui ont été mis dehors sans explication n'ont rien touché des allocations-chômage qu'ils auraient eues avec un vrai contrat d'apprentissage. Le comble, c'est que certains d'entre eux sont actuellement embauchés en CDD dans des bureaux de poste où ils gèrent tout, tout seuls.

Les jeunes en CDI au CRSF ont fait une pétition pour exiger la régularisation de leur situation et le paiement de ce qui leur est dû, soit environ 1000 euros par mois, ainsi que les primes et la reprise de l'ancienneté. La direction leur a proposé un «arrangement à l'amiable», avec pour solde de tout compte le paiement des semaines de stage effectuées au seul Centre financier, soit à peine le quart de ce qui leur est dû, et rien pour ceux qui n'ont pas été embauchés.

La réponse des jeunes a été unanime: ils veulent un vrai contrat d'apprentissage en alternance, avec tous les droits y afférents même a posteriori, et pour tous les apprentis, embauchés ou non. L'affaire a été confiée au service juridique de la direction nationale, car la direction locale du CRSF a répondu que cela dépassait ses compétences. C'est pourtant bien elle qui a eu la «compétence»... d'exploiter ces jeunes sans vergogne!

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