TRW Automotive-Bouzonville (Moselle) : Chantage à la délocalisation03/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1905.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

TRW Automotive-Bouzonville (Moselle) : Chantage à la délocalisation

Après plusieurs mois de chantage, la direction de TRW Automobile à Bouzonville en Mozelle a fait approuver, un revolver sur la tempe, par 82% des salariés votants, l'abandon d'ici 2007 de leurs 14 jours de RTT. C'était ça ou la suppression immédiate de 300 emplois.

L'usine fabrique des plaquettes de freinage et le travail y est très dur. Ces plaquettes peuvent peser jusqu'à 8 kg pièce et il vous en passe une toutes les 12 secondes entre les mains. Les travailleurs sont usés et l'amiante y a fait des ravages -le site est classé amianté.

Une fois de plus, c'est la menace de la délocalisation qui a été agitée. Sous ce prétexte éculé ne se cache même pas la volonté de l'équipementier automobile TRW Automotive (60000 salariés) d'accroître ses bénéfices. L'usine de Bouzonville est en effet largement bénéficiaire, avec une marge de 16%. Mais comme la marge est de 20% en Tchéquie, la direction en voudrait plus.

La direction a commencé son chantage en octobre dernier en dénonçant de façon unilatérale tous les accords d'entreprise signés depuis... 1972! Elle annonçait le retour aux 40 heures, la suppression des RTT, des primes de Noël et de vacances en cas de congé maladie de plus de 10 jours. Tout en agitant la menace de fermeture de l'usine dont les effectifs ont fondu: 300 emplois perdus en 4 ans, elle compte aujourd'hui près de 900 salariés. Cela avait provoqué grèves et manifestations à Bouzonville (4500 habitants) où la fermeture de TRW aurait été un drame: il n'y a pas d'autre usine à 25 km à la ronde.

La direction avait maintenu la pression, dans un contexte où le groupe sabre dans les sites de production: il vient d'annoncer la fermeture d'une usine en Espagne qui fabriquait des ceintures de sécurité et des airbags.

À Bouzonville, elle a fini par faire accepter son "plan" à 3 syndicats sur 5 (CGT-FO-CFTC l'approuvant, CFDT-UNSA votant contre). Il prévoit la suppression des 14 jours de RTT en deux ans, le retour à 39 heures payées 38,5 heures, une augmentation de 2,5% en octobre 2005 et la promesse d'une nouvelle ligne de fabrication pour 2007.

Ce plan a été soumis au vote des salariés, jeudi 27 janvier, la direction menaçant, en cas de rejet, de supprimer immédiatement 300 emplois. Comme le disait un ouvrier, "on nous demande si on veut nous couper un bras ou nous couper la tête".

À l'issue du vote, le directeur de TRW Europe était radieux sur France 3 Lorraine: "C'est une grande victoire pour les salariés" affirmait-il tout en expliquant que la pérennité du site était assurée... jusqu'en 2010. Et après? Aucune garantie n'est apportée. La direction ne s'engage pas, après avoir coupé un bras, à ne pas couper la tête.

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