Rapport de la fondation Abbé-Pierre : Un désastre qui continue03/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1905.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rapport de la fondation Abbé-Pierre : Un désastre qui continue

Dans son rapport 2005 qui vient d'être publié, la Fondation Abbé Pierre s'alarme une fois de plus de la situation du logement en France. Plus de trois millions de personnes sont mal logées, entre les logements dégradés ou carrément insalubres, trop petits, les hôtels meublés, les foyers, voire même les campings. À ceux-là s'ajoutent 86500 "sans-domicile-fixe" (en réalité sans domicile du tout). Et s'il n'y avait pas des membres de la famille ou des amis pour les héberger, ils seraient entre 150000 et 300000 de plus à se retrouver à la rue. Près d'un million d'adultes sont ainsi hébergés par des tiers, faute de revenus suffisants pour leur permettre d'avoir leur propre logement. Ce nombre est en constante progression, et la surpopulation dans les logements accentue encore la dégradation des conditions de vie des plus démunis.

Face à cette crise du logement, les projets du gouvernement n'apportent aucune solution. Le plan dit "de cohésion sociale", de Jean-Louis Borloo, annonçait la construction de 500000 logements sociaux en cinq ans. Or, souligne le rapport de la fondation Abbé Pierre, ce programme inclut des logements financés avec le prêt locatif social (PLS) qui demandent pour y accéder de gagner deux fois le smic! Depuis trois ans, ce nombre de logements a augmenté de 35%, tandis que celui des logements sociaux accessibles baissait, lui, de 6,5%. La loi de renouvellement urbain parlait aussi de démolir et reconstruire sur cinq ans 200000 logements dans les quartiers difficiles. Or, les vingt premiers dossiers examinés font déjà état d'un déficit de 2300 logements, entre les démolitions et les reconstructions.

Si trouver un toit dans le logement social devient de plus en plus difficile, cela est quasiment impossible pour les personnes à revenu modeste dans le secteur libre, où les prix pratiqués et les conditions exigées par les propriétaires privés excluent quiconque n'a pas un bon salaire et de solides références.

Car si les problèmes du manque de logements est aggravé par la spéculation immobilière, la principale difficulté réside avant tout dans la faiblesse des salaires ou plus généralement des ressources d'une partie croissante de la population. Comment, en ne gagnant que le smic (aux alentours de 900 euros nets par mois), peut-on payer ne serait-ce qu'un deux-pièces, loué à Paris, et pas dans les quartiers les plus chics, dans les 6 à 700 euros? Bien sûr, il existe des aides au logement: l'APL (aide personnalisée au logement) ou l'ALS (aide au logement social), dont peuvent bénéficier tous ceux ayant de faibles revenus. Mais elles compensent de moins en moins l'écart croissant entre les revenus des travailleurs et les prix des logements, fussent-ils "sociaux".

Partager