Bonus-malus pour les patrons qui abusent des CDD : Qui y croit ?03/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1905.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Bonus-malus pour les patrons qui abusent des CDD : Qui y croit ?

Les échéances électorales de 2007 approchant, les dirigeants socialistes s'agitent et se fendent de petites phrases qui n'engagent à rien. Ainsi l'ancienne ministre PS de l'Emploi, Élisabeth Guigou, en collaboration avec son prédécesseur à ce poste Martine Aubry, dévoile une nouvelle méthode miracle pour combattre le chômage. Partant du constat qu'"on demande les mêmes cotisations aux entreprises qui privilégient les contrats durables" et à celles "qui recourent massivement aux contrats précaires et aux licenciements", elle préconise de remplacer ce système par un "bonus-malus à la française" en matière de cotisations chômage des entreprises. En d'autres termes, il s'agirait de faire payer plus cher les entreprises qui utilisent beaucoup de CDD ou emploient beaucoup d'intérimaires, et d'accorder des réductions de charges aux autres. C'était d'ailleurs un projet, abandonné, de Martine Aubry lorsqu'elle était à la tête du ministère du Travail.

En quoi ce système pourrait-il infléchir la volonté des patrons de perpétuer la précarité et le chômage? À cause d'une amende? Mais ce système de modulation des cotisations est déjà appliqué pour les accidents du travail, et il ne suffit pas à protéger les travailleurs. Guigou constate elle-même, dans l'avant-propos de son rapport: "Jamais les accidents du travail, le stress et l'anxiété ne se sont autant développés." Les raisons, explique-t-elle, sont "l'augmentation des tâches répétitives, la multiplication des réorganisations ou des réductions d'effectifs et le poids croissant des contraintes financières qui s'accompagnent d'une explosion des traumatismes physiques et psychologiques". Il existe bien un système de pénalités mais, reconnaît-elle, "l'inspection du Travail ne dispose pas de moyens suffisants pour jouer son rôle de contrôle".

Il en est de même pour les amendes à verser quand les patrons ne respectent pas un certain quota d'emplois réservés à des personnes handicapées. Nombre d'entre eux choisissent de payer l'amende et Élisabeth Guigou le sait fort bien, mais comme il faut avoir des propositions sociales, il ne lui reste que des propositions en trompe-l'oeil. " C'est sur la question du travail et de l'emploi que se joue la confrontation entre l'optique libérale et le modèle social-démocrate", dit Guigou. En réalité, ce n'est pour elle qu'une question de style.

Partager