Arcelor : Les maîtres-chanteurs à l'oeuvre03/02/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/02/une1905.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Arcelor : Les maîtres-chanteurs à l'oeuvre

Après avoir lancé quelques ultimatums, la direction du trust sidérurgique Arcelor a fini par obtenir la signature de la CGC, de la CFTC et de FO à une nouvelle mouture des 35 heures. Pour toutes les usines du groupe en France, Arcelor veut imposer aux salariés de travailler plus et plus longtemps. Le temps de travail annuel passerait à 1596 heures, ce qui entraînerait une diminution de 5 à 15 jours de RTT selon les sites.

La direction d'Arcelor veut décider elle-même des dates de l'ensemble des jours de congés d'ancienneté, des fêtes locales... et de 60% des jours de RTT restants. Et comme actuellement il est très difficile de pouvoir prendre ses RTT à cause du manque de personnel, la direction propose de les payer, les considérant comme des heures supplémentaires!

En 25 ans, à Sollac-Dunkerque, l'une des usines du trust, les salaires ont perdu près de 25% de pouvoir d'achat par rapport à l'augmentation des prix selon l'indice Insee. Alors, ce n'est pas d'un allongement du temps de travail dont nous avons besoin pour retrouver notre niveau de vie, mais d'une revalorisation importante des salaires.

La direction voulant aussi augmenter la flexibilité, l'horaire hebdomadaire pourrait varier de 24 à 48 heures. La direction assure que les temps de pause et de douche continueraient à être payés suivant les "pratiques locales". Mais à Sollac-Dunkerque, la direction est déjà revenue sur les deux "pratiques locales", comme les congés de fractionnement et la prime d'éloignement. Alors, cette assurance n'est en rien une garantie!

Arcelor prévoit aussi que les horaires mêlant alternativement travail en postes et en journée puissent être imposés à tous les salariés de l'entreprise. Il y a quelques années, la direction de Sollac-Dunkerque avait échoué à imposer un tel "contrat d'activités alternées" aux nouveaux embauchés. Voilà que cela deviendrait maintenant la règle pour tous les salariés d'Arcelor.

Le texte du prétendu accord met aussi en avant "une gestion des seniors", pour un allongement au "volontariat" de la vie professionnelle au-delà de l'âge de la retraite et sans fixer d'âge limite! La direction voudrait imposer de travailler plus longtemps et elle n'envisage pas de remplacer les départs en retraite par des embauches dans les années à venir. Cela entraînerait une perte de 1 700 emplois par an pendant cinq ans. Sans compter les milliers d'emplois qu'elle avait prévu de supprimer dans les prochaines années...

Tout cela est d'autant plus scandaleux qu'Arcelor a fait cette année des profits records. Elle a, en neuf mois, réalisé 1,4 milliard d'euros de bénéfice (ce qui correspond à neuf mois de salaires et charges pour près de 65000 salariés!), et elle s'est désendettée de 2,1 milliards d'euros.

Par ailleurs, le groupe a aussi reçu de solides subventions de l'État depuis de nombreuses années et il n'envisage absolument pas de les rembourser, malgré ces bénéfices somptueux.

Deux syndicats n'ont pas signé le diktat patronal, la CGT et la CFDT qui, à eux deux, représentent 71% des voix aux élections professionnelles (respectivement 44% et 27%). Dans le cas d'une procédure d'opposition menée par ces syndicats, la direction a fait le chantage de baisser les salaires de 10% dès janvier, en les calculant sur la base "35 heures payées 35". Finalement, la CFDT vient d'annoncer qu'elle n'utiliserait pas son droit d'opposition.

Face à l'arrogance des patrons, tout repose donc sur la mobilisation des travailleurs pour refuser que les patrons tirent d'eux toujours plus de profits.

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