Une politique contre l’éducation20/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Divers

Une politique contre l’éducation

Le personnel de l'Éducation nationale sera en grève jeudi 20 janvier pour l'augmentation des salaires et contre le projet de loi dit d'«orientation» pour l'école, ou encore «loi Fillon», que le gouvernement s'apprête à faire voter.

Cette loi s'attaque aux personnels de l'Éducation nationale. Mais elle prépare en même temps une régression de la formation scolaire qui touchera, en premier lieu, les enfants et les jeunes des milieux populaires.

Une politique qui aggravera les inégalités sociales

Que cache la formule «l'accueil des enfants reste assuré en priorité dans les écoles situées dans un environnement social défavorisé»? Il y a toutes les raisons de craindre, au-delà de formules qui se veulent apaisantes, que le maintien de la scolarisation à partir de deux ans dans des endroits où elle existe aujourd'hui et qui, sans être des quartiers à «l'environnement défavorisé», sont des quartiers populaires, soit remise en cause.

Le gouvernement se gargarise avec ce «socle commun» que tout jeune devrait posséder à 16 ans. Il s'agit, enrobés d'un verbiage nouveau, des fameux acquis fondamentaux, savoir lire, compter, rédiger, auxquels il est ajouté dorénavant l'apprentissage d'une langue étrangère. Mais comme le gouvernement ne prévoit rien au niveau des moyens nécessaires, et surtout pas qu'il y ait dans un groupe scolaire plus de professeurs que de classes, afin que de petits groupe d'élèves en difficulté soient vraiment pris en charge, ces formules risquent de rester creuses.

Pour ces élèves en difficulté une fois entrés au collège, le gouvernement a trouvé sa potion magique: anticiper la voie professionnelle en multipliant l'apprentissage en alternance à l'issue de la cinquième et en développant les troisièmes dites de «découverte professionnelle» avec une formation générale allégée, destinées à envoyer des élèves en seconde professionnelle. C'est ni plus ni moins l'officialisation d'une formation au rabais.

Le gouvernement espère atteindre le nombre de 500000 apprentis... qui ne seront pas recrutés dans les beaux quartiers.

Quant au lycée, haro sur les dédoublements de classes qui permettent pourtant de travailler dans de bien meilleures conditions que dans des classes entières souvent surchargées !

Faire travailler bien davantage les personnels

Le journal patronal Les Échos indique que le gouvernement veut, grâce à la nouvelle loi, instaurer à l'Éducation nationale la «culture du résultat».

Dans les entreprises, pour augmenter le «résultat», la recette est simple: on réduit la masse salariale et on augmente la charge de travail du personnel. Telle est la voie que l'on veut généraliser à l'Éducation nationale en opérant les «redéploiements» de personnel, en allongeant le temps de travail.

Ces dernières années, on a réduit les moyens pour remplacer le personnel absent. On envisage dorénavant d'obliger les professeurs de collège et de lycée à effectuer des remplacements obligatoires dans leur établissement, dans le cadre d'un quota annuel de 72 heures qui leur seront imposées. Et pourquoi le gouvernement ne ferait-il pas passer demain ce quota à 108 heures, voire davantage, à l'image de ce qu'il a fait pour les quotas d'heures supplémentaires dans les entreprises privées! Surcharger des enseignants qui le sont déjà, cela se traduira automatiquement par une dégradation de la qualité de l'enseignement.

Quand le gouvernement parle d'«aide individualisée» aux élèves en difficulté, il prévoit qu'elle soit à la charge des enseignants en place, tout comme le travail supplémentaire lié au contrôle continu qu'il veut imposer pour certaines matières du baccalauréat.

L'objectif est de réduire le coût de l'Éducation nationale pour continuer à réduire les impôts des couches sociales qu'il sert, les riches, ou celles qui constituent le coeur de son électorat, les classes dites moyennes. Les premiers visés par ces économies sont les enfants des milieux populaires pour qui l'école publique est une nécessité décisive. Mais le gouvernement s'en prend du même coup aux personnels de l'Éducation nationale qu'il voudrait pressurer encore davantage, à l'image de ce que pratique l'ensemble du patronat pour tous les travailleurs, quel que soit le secteur.

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