Rachat du parfumeur Marionnaud : Requins petits et gros20/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rachat du parfumeur Marionnaud : Requins petits et gros

Le groupe Marionnaud, un distributeur de parfumerie regroupant 1200 magasins et employant 5700 personnes en France, vient d'être racheté, pour 900 millions d'euros, par le groupe Hutchison Whampoa, basé à Hong Kong. Les employés craignent que ce rachat par un groupe qui possède sa propre chaîne de distribution ne se solde par des licenciements.

Pourtant ce n'est pas la perspective de suppressions d'emplois qui a suscité les commentaires de la presse, mais le fait que ce soit un groupe «chinois» qui rachète un groupe «français». Ainsi, non seulement les ouvriers chinois (travaillant pour rien) prendraient le travail des ouvriers français (trop cher payés), mais en plus les capitalistes chinois rachèteraient les entreprises françaises! Un double péril jaune en quelque sorte...

Or, pendant les quelques jours autour du 15 janvier où Marionnaud a fait l'actualité, bien d'autres transactions se sont déroulées. Par exemple le Crédit Commercial de France (CCF) va disparaître et ses agences être rebaptisées HSBC, du nom de son repreneur, un banque anglaise. Près de 900 postes administratifs vont être supprimés. La filiale de France Télécom en Pologne va y supprimer 3500 emplois alors que les effectifs sont déjà passés de 70000 salariés à 31000. Le groupe français Trigano a racheté la société allemande Eura Mobil, fabricant de camping-cars, pour pouvoir s'implanter sur le marché allemand. Le groupe sidérurgique Mittal, anglo-indien, va acheter 30% du troisième fabricant chinois d'acier pour 300 millions de dollars. Les groupes capitalistes se rachètent et se revendent en espérant faire des profits rapides et en passant par-dessus les frontières. Lorsqu'ils estiment que des licenciements augmenteraient leurs profits, ils licencient, que ce soit dans leur pays d'origine ou de l'autre côté de la Terre. Lorsqu'ils veulent conquérir un nouveau marché, ils rachètent ou ouvrent une usine sur place. Toyota a ainsi monté une usine neuve en France pendant que Renault rachetait le constructeur Nissan et licenciait des milliers d'ouvriers au Japon.

Le rachat d'une entreprise de la taille de Marionnaud n'a donc rien d'exceptionnel pour le monde capitaliste, même si, pour les travailleurs, cela peut se traduire par une catastrophe.

La nouveauté n'est pas non plus le fait qu'un milliardaire de Hong Kong puisse mettre 900 millions sur la table pour racheter une chaîne de magasins en Europe. Ce n'est pas la première fois que des «riches des pays pauvres» investissent dans des sociétés capitalistes occidentales. Mais cela ne contrebalance pas, et de loin, la puissance des capitaux occidentaux et leur présence dans les pays du Tiers Monde. Pour ne parler que de la Chine et des plus gros groupes français: Peugeot a deux usines en Chine qui ont sorti 85000 véhicules l'an passé; la filiale chinoise d'Alcatel, Alcatel Shangai Bell, installe les télécommunications reliant les 21 plus grandes villes chinoises; Bouygues a des chantiers de travaux publics et une entreprise de distribution d'eau; Alstom construit une centrale nucléaire et une ligne de TGV. Quant à Michelin, non seulement il y a une usine et 4500 salariés, mais il y organise, avec le gouvernement chinois et la mairie de Shangai, un forum à sa gloire, le «challenge Bibendum 2005»...

Alors en France, en Pologne, au Japon ou en Chine, le problème n'est ni la couleur ni la nationalité du capitaliste, mais le fait justement que ce soit... un capitaliste, prêt à sacrifier la vie de ses employés pour que vivent ses profits.

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