Manifestation du 5 février : Contre la déréglementation du travail, contre la baisse du pouvoir d’achat20/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Manifestation du 5 février : Contre la déréglementation du travail, contre la baisse du pouvoir d’achat

C'est du 1er au 3 février que sera examinée à l'Assemblée la proposition de loi UMP visant à «assouplir» la loi sur les 35 heures, qui met en oeuvre les propositions annoncées par Raffarin en décembre dernier. Il s'agit en particulier d'offrir aux patrons la possibilité de payer les jours de RTT au lieu, selon lui, de laisser leurs salariés perdre bêtement leur temps à se reposer, d'élargir le cadre des heures supplémentaires selon l'antienne gouvernementale «travailler plus pour gagner plus» et de prolonger le cadeau fait aux chefs d'entreprises de vingt salariés ou plus en ce qui concerne la majoration des heures supplémentaires de 10%, et non 25% aux termes de la loi.

Voilà le point de départ de la décision des centrales syndicales CGT, FO, CFDT et CFTC d'appeler, sur tout le pays, à une journée de mobilisation. Il s'agit de s'opposer aux attaques contre le temps de travail, y compris la journée «raffarinée», le futur jour férié travaillé gratuitement, à la baisse du pouvoir d'achat, au chômage qui se nourrit des perpétuelles diminutions d'effectifs et fermetures d'entreprises, à la déréglementation du temps de travail.

La loi des 35 heures, dont le baron Seillière a salué la «réforme en profondeur» obtenue selon lui du Premier ministre grâce à l'action du Medef, a été votée en 1998 par un gouvernement de «gauche plurielle», et a elle-même facilité une flexibilité des horaires et une annualisation du temps de travail favorables au patronat. Mais aujourd'hui, les avantages qu'elle pouvait présenter par ailleurs sont encore trop pour un patronat que l'absence de riposte d'ensemble de la classe ouvrière a encouragé à en vouloir toujours plus. Ainsi Sarkozy, de crainte d'être oublié, a-t-il déclaré «qu'il faudra bien poser un jour la question des 35 heures dans la Fonction publique», évidemment pas pour diminuer les horaires de travail et embaucher, mais pour permettre aux fonctionnaires qui le souhaiteraient de «travailler plus pour gagner plus». Ce Monsieur Plus au service du capital suggère de «réfléchir» aux charges sociales prélevées sur les heures supplémentaires, puisqu'en toute logique patronale «travailler plus ne rend pas plus malade<|>». La petite histoire ne dit pas si cette lumineuse idée concerne les cotisations salariales...

Le refrain patronal «pour gagner plus, il faut travailler plus» est au fond une façon d'avouer que les salaires sont bien insuffisants. Par rapport au taux de l'inflation, même officielle, qui sous-estime le poids de l'augmentation du loyer, des transports, du carburant, de l'électricité, du gaz, du téléphone, des tarifs bancaires et postaux, et même de la nourriture etc. dans les dépenses incompressibles des familles. Par rapport aussi à l'augmentation des prélèvements sur les salaires et les pensions. Par rapport enfin aux augmentations insolentes que se votent les PDG et aux dividendes mirobolants que perçoivent les actionnaires! Les augmentations générales perçues dans les grandes entreprises ou octroyées du bout des lèvres aux travailleurs du secteur public ne parviennent pas à suivre la hausse des prix et encore moins à rattraper le manque à gagner accumulé depuis des années. Et les augmentations des cotisations sociales aboutissent même parfois à une baisse du salaire net.

À la suite des journées d'action, des manifestations des 18, 19 et 20 janvier, l'ensemble des travailleurs du secteur public comme du privé, avec ou sans emploi, auront l'occasion, le samedi 5 février, d'exprimer dans tout le pays leur profond mécontentement face à un gouvernement qui traduit en textes de lois ce que le patronat pense tout haut. La dictature de la Bourse sur l'économie n'est pas une fatalité, surtout pas face à un monde du travail qui fait entendre sa voix.

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