Israël-Palestine : Sharon ne change pas20/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Israël-Palestine : Sharon ne change pas

Il n'a pas fallu attendre bien longtemps pour que les ouvertures possibles qu'Israël s'était dit prêt à concéder à Mahmoud Abbas, le nouveau président palestinien, se ferment avec plus de rapidité encore qu'elles ne s'étaient ouvertes.

Se saisissant du prétexte de l'attentat suicide de Karni et d'un tir de roquettes artisanales sur la ville israélienne de Siderot, Sharon a de nouveau lancé ses troupes contre des villes et des camps palestiniens, afin que celles-ci puissent, disait-il, opérer «sans limitation de temps et par tous les moyens».

Mais l'intention exprimée par Abbas de vouloir faire cesser les actions militaires contre Israël, qui d'ailleurs ne sont pas toutes «terroristes», et l'ordre donné aux brigades des Martyrs d'Al Aqsa (dépendantes du Fatah) d'intégrer les forces de police palestiniennes, ont fait verbalement et quelque peu reculer Sharon, qui condescendrait à donner un peu plus de temps à Mahmoud Abbas pour que ce dernier fasse cesser le terrorisme, ce dont il est évidemment bien incapable.

Il se pourrait cependant que la nouvelle patience de Sharon, qui peut ne durer que le temps d'un communiqué, ne soit en fait que le résultat d'une pression du gouvernement des États-Unis. Celui-ci pourrait être gêné par l'empressement du gouvernement israélien à vouloir tourner au plus vite le dos à ce que tous, y compris les gouvernants américains, ont présenté comme une ouverture possible vers la paix, à savoir la disparition d'Arafat suivie de l'élection de Mahmoud Abbas.

C'est dire que, du côté israélien, rien n'indique aujourd'hui qu'un Sharon, ou l'un quelconque des politiciens qui le soutiennent, y compris les travaillistes qui participent dorénavant à son gouvernement, veuillent faire le moindre geste dans le sens d'un règlement juste du conflit. Au contraire même.

Dans un de ses communiqués, le groupe pacifiste israélien Gush Shalom (Bloc de la Paix), qui par ailleurs rapporte que dans la bande de Gaza des colons continuent à s'implanter, écrit: «En Cisjordanie, l'occupation s'est intensifiée. Les barrages impitoyables continuent à empêcher toute possibilité de vie normale. La photo montrant un violoniste palestinien contraint de jouer pour les soldats à un barrage a évoqué de terribles souvenirs à de nombreux Israéliens. La construction du mur d'annexion continue, avec quelques changements du tracé pour se conformer aux décisions de la Cour israélienne, tout en passant outre la décision de la Cour internationale. Les colons déracinent les oliviers palestiniens pour construire de nouveaux quartiers. Les colonies se sont agrandies dans toute la Cisjordanie et le réseau de routes réservées aux Juifs est toujours en train de se construire. De plus en plus d'avant-postes illégaux naissent sous la protection de l'armée et avec l'aide tacite de tous les ministères concernés. D'énormes sommes se sont investies dans ces projets, alors qu'en Israël les retraites sont amputées et que des malades attendent dans les couloirs des hôpitaux.»

Voilà décrite l'exacte réalité. Dans de telles conditions, où les responsabilités sont évidemment du côté du gouvernement israélien, on ne pourra aller vers la paix sans qu'Israël reconnaisse les droits nationaux de la population palestinienne.

Dans un récent discours, Sharon a promis aux Israéliens un temps meilleur, une plus grande sécurité, la tranquillité, la croissance économique et le progrès social. Ils n'auront rien de tout cela, tant que les Palestiniens n'auront pas de leur côté obtenu ce pour quoi ils se battent depuis des décennies.

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