Il dépend de nous tous de faire reculer le gouvernement et le patronat20/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Editorial

Il dépend de nous tous de faire reculer le gouvernement et le patronat

Bien que ce ne soit qu'un sondage, une enquête, réalisée à la veille des journées d'action de ces jours derniers auxquelles ont appelé les syndicats de la Fonction publique, est suffisamment nette pour être significative: 75% des personnes interrogées se disent prêtes à protester sur la question des salaires. Et, au gouvernement qui voudrait opposer les salariés du privé et ceux du secteur public, 76% des ouvriers, 65% des employés répondent qu'ils soutiennent les travailleurs du secteur public.

C'est que toutes les déclarations des Chirac sur la «fracture sociale», des Raffarin sur la «France d'en bas», des Borloo sur la «cohésion sociale», ne peuvent masquer le fait que chacun des actes, chacune des déclarations du gouvernement et du patronat, est une attaque contre le monde du travail.

Il n'est pas nécessaire de compter sur ses doigts pour voir que notre niveau de vie continue de se dégrader, que les misérables augmentations de salaires qui nous ont été accordées sont bien loin de suffire à compenser la hausse des impôts locaux, la dégradation des remboursements de la Sécurité sociale, l'augmentation de la CSG et des cotisations aux mutuelles, sans compter la hausse du coût de la vie.

En revanche, le gouvernement n'est pas avare de cadeaux pour le patronat. Chirac s'est ainsi engagé à ce que d'ici trois ans les entreprises ne paient plus de charges sociales sur les salaires du niveau du Smic. Et, après cela, le même nous demandera de nouveaux sacrifices pour combler le nouveau «trou» de la Sécurité sociale!

À l'heure où cet éditorial est écrit, on sait déjà que la grève des cheminots est très importante. On sait aussi que 20% à 25% des postiers ont fait grève la veille. 20% à 25% c'est au moins 60000 grévistes. Les informations que nous pouvons avoir semblent montrer que la grève sera importante parmi les enseignants.

On peut certes regretter que les confédérations syndicales, pour des motifs qui n'ont rien à voir avec les intérêts des salariés, aient choisi d'émietter cette mobilisation sur trois journées et de ne pas y appeler les travailleurs du privé. Et cela avec des revendications différentes selon les uns et les autres, alors que pour l'essentiel, c'est-à-dire les salaires et le pouvoir d'achat, les suppressions de postes qui privent d'emploi des milliers de travailleurs alors qu'elles augmentent de manière insupportable la charge de travail des autres, tous les travailleurs, quelle que soit la branche dans laquelle ils travaillent, ont les mêmes problèmes et les mêmes revendications.

Ces journées ont au moins montré que le mécontentement était important et comment ne le serait-il pas, vu toutes les attaques que nous subissons!

Évidemment, trois journées de lutte, même importantes, ne suffiront pas à faire reculer le gouvernement et l'arrogance du patronat qui ne peut qu'injurier les grévistes de la Fonction publique. Quoi qu'il en soit, ces journées ne devront pas rester sans lendemain. Elles doivent être une répétition générale pour préparer la riposte qui s'impose de la part de tous les salariés face à l'arrogance des hommes du grand patronat et du gouvernement.

Bien sûr, nous ne pouvons guère compter sur les organisations syndicales pour organiser cette riposte qui est non seulement nécessaire mais qui est possible. C'est pourquoi nous devons faire taire nos hésitations s'il y en a, et ne pas craindre de prendre à partie ces organisations syndicales qui divisent les mouvements plutôt que de les organiser. Nous ne devons pas nous plaindre de leur attitude, nous devons les contraindre à en changer. Bien sûr, il peut paraître difficile de contraindre ceux qui devraient être nos alliés, puis de combattre ceux qui sont nos adversaires.

Mais il faut savoir que si nous baissons les bras, si nous ne faisons rien, les coups que nous recevrons seront de plus en plus nombreux et de plus en plus durs.

Si nous ne réagissons pas, quoi qu'il nous en coûte, nos adversaires ne s'arrêteront pas. Ils s'attaqueront par tous les côtés à notre niveau de vie. Les licenciements ne s'arrêteront pas et les indemnités de chômage baisseront encore. Nous aurons de moins en moins droit aux soins. Les conditions de travail, pour ceux qui ont un emploi, deviendront d'autant plus difficiles que les licenciements feront qu'il faudra faire le même travail, sinon plus, en étant moins nombreux et cela aussi bien dans la Fonction publique que dans le privé.

Toutes les attaques contre les services publics, les hôpitaux, l'Éducation nationale, la Sécurité sociale, sont des attaques contre l'ensemble des travailleurs.

C'est pourquoi il faut contraindre les organisations syndicales. C'est d'ailleurs la meilleure façon d'aider ceux qui sont réellement de notre côté. Il faut les pousser à agir, il faut que nous-mêmes, tous, nous soyons prêts à le faire.

La pire des choses serait de nous résigner.

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