Continental – Clairoix (60) : Des réactions contre la précarité et l’augmentation des cadences20/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Continental – Clairoix (60) : Des réactions contre la précarité et l’augmentation des cadences

À l'usine Continental, une usine de pneus de 1195 salariés, située à Clairoix, près de Compiègne, les débrayages contre les licenciements d'intérimaires et les diverses réactions contre l'augmentation des cadences de ces dernières semaines ont mis quelques bâtons dans les roues de la direction.

Le nombre de travailleurs intérimaires, en augmentation par rapport à 2004, s'élève aujourd'hui à 200, soit le sixième des effectifs. Dans les derniers mois de l'année 2004, la direction a tenté de se débarrasser en catimini des intérimaires les plus anciens. Mais cela ne s'est pas passé comme elle le voulait. Dès que les intérimaires ont commencé à être convoqués pour s'entendre annoncer que leur contrat prenait fin, alors que certains travaillaient dans l'usine depuis 2001, des débrayages ont eu lieu. La direction a dû reculer et reprendre certains de ceux qu'elle voulait licencier.

Dans le but de calmer les esprits, le patron a tenté de faire croire qu'il suivrait tous les travailleurs dont le contrat prenait fin et qu'ils ne resteraient pas longtemps sans travail. Mais personne n'a été dupe de ce baratin.

Comme dans beaucoup d'entreprises de la région, le travail en intérim n'a pas cessé d'augmenter et est même devenu pour certains travailleurs le «mode normal» pour trouver un emploi. Une fois dans l'usine, la direction promet l'embauche et les chefs instaurent un cahier où tout est noté, bons ou mauvais comportements! Ces périodes d'intérim servent aussi à la direction comme réservoir d'éventuels futurs embauchés, et comme façon de les «tester».

Si les travailleurs embauchés en fixe ont débrayé contre les licenciements d'intérimaires, c'est bien sûr parce qu'ils se sentent solidaires de camarades avec qui ils travaillent depuis des mois. Mais c'est aussi parce que tout le monde a conscience que, sans ces camarades, le travail ne peut pas se faire, d'autant que la direction de Continental veut augmenter la production.

Il faudrait en effet que la production passe de 7,5 millions de pneus en 2004 à 8,2 millions en 2005. Le patron fait par conséquent la chasse aux temps morts. En Confection, cela se traduit par la suppression de ce qu'on appelle les aléas dans les standards de production, autrement dit les temps durant lesquels les machines peuvent être arrêtées, suite à des petits problèmes par exemple.

Mais là encore les choses ne se sont pas déroulées sans accroc. Lundi 10 janvier, dans cet atelier, le «Bt 5», le plus important de l'usine, plusieurs centaines de travailleurs des deux équipes se sont rassemblés sur leur temps de travail pour protester contre cette décision: le chef envoyé par la direction pour faire face au mécontentement était bien pâle et pas vraiment convaincant.

Comme partout, c'est en faisant pression de plus en plus sur les travailleurs, en recourant massivement à l'intérim, que les patrons font des bénéfices records. Continental en est un bel exemple puisque, sur les neuf premiers mois de 2004, les bénéfices du groupe ont augmenté de 76%; le bénéfice net pour cette année se monte à 1 milliard d'euros, largement de quoi embaucher en fixe, baisser les cadences et augmenter les salaires!

Partager