Chantiers de l’Atlantique – Saint-Nazaire : Accidents graves20/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1903.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Chantiers de l’Atlantique – Saint-Nazaire : Accidents graves

Jeudi 13 janvier, un peintre d'une entreprise sous-traitante travaillant aux Chantiers de l'Atlantique a été brûlé aux deux jambes. La gravité de l'accident a nécessité son évacuation en hélicoptère. Il est toujours hospitalisé à ce jour.

L'intervention très visible des secours a provoqué beaucoup d'émotion dans l'entreprise. Les accidents graves y sont pourtant fréquents, mais pas connus de tous car ils touchent très majoritairement des travailleurs d'entreprises dites extérieures, qui ne font pas partie de l'effectif permanent des Chantiers et vis-à-vis desquels la direction se dispense bien de rendre des comptes.

Cet accident est survenu huit jours seulement après que deux travailleurs de la même entreprise travaillant sur le même navire, le car-ferry Sea-France, eurent été victimes dans les mêmes circonstances de graves brûlures au visage nécessitant aussi une hospitalisation.

Malgré ces deux premiers accidents très graves pour les salariés, mais apparemment sans conséquence pour les directions des Chantiers et du sous-traitant, aucune mesure particulière de prévention n'a été prise. Au contraire, alors qu'une règle clairement établie aux Chantiers interdit de faire effectuer des travaux de peinture en même temps que d'autres types de travaux, des responsables des Chantiers ont pris la décision de faire travailler tout le monde ensemble le matin de l'accident. Ils voulaient libérer le navire au plus vite pour effectuer son transfert d'un quai à un autre. Les travaux qu'effectuent les peintres à bord sont pourtant particulièrement dangereux à cause de la nocivité et de la dangerosité des produits qu'ils manipulent et qui nécessitent le port de protections spécifiques.

Mais malgré les accidents de la semaine précédente et malgré le risque clairement identifié, le peintre de l'entreprise sous-traitante s'est vu confier le décapage au solvant d'une zone extrêmement exiguë, sous les parquets de la machine du navire, au-dessus desquels travaillaient plusieurs ouvriers. Ceux-ci étaient occupés à meuler et à souder, avec des autorisations écrites de l'encadrement Chantiers comme l'exigent les règles de sécurité de l'entreprise.

La zone où travaillait le peintre, accroupi et le pantalon imbibé de solvant, s'est enflammée brutalement. Le pire a été évité pour ce travailleur qui n'aurait pas pu sortir de sous le parquet métallique sans l'intervention des ouvriers présents sur place, qui ont éteint le feu avec un extincteur puis qui ont évacué le blessé.

À peine plus d'un an après l'accident de la passerelle du Queen-Mary, la direction des Chantiers continue à faire la démonstration que, lorsqu'elle «coordonne» les travaux des ouvriers sous-traitants à bord, elle sait oublier les règles élémentaires de sécurité pour accélérer sa production, au risque de notre santé et parfois de notre vie.

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