Il y a cent ans mourait Louise Michel13/01/20052005Journal/medias/journalnumero/images/2005/01/une1902.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

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Il y a cent ans mourait Louise Michel

Louise Michel est morte le 9 janvier 1905. Avec elle disparaissait une des figures militantes qui marquèrent le mouvement ouvrier et le mouvement révolutionnaire de la fin du 19e siècle.

Née en 1830, elle se rangea très tôt dans le camp des opprimés. En 1853, jeune institutrice, elle refusa d'enseigner dans les établissements officiels qui, sous le Second Empire, celui de Napoléon III, imposaient que l'on prête serment à l'empereur. Elle refusa aussi la tutelle de l'Église catholique, se retrouva dans une école dite «libre», dégagée de l'emprise des autorités réactionnaires. Républicaine sous un régime impérial, elle avait remplacé la prière obligatoire dans les écoles officielles par le chant de La Marseillaise, qui symbolisait alors la Révolution de 1789 et la révolution de 1848, et n'était pas encore devenu l'hymne officiel de la France bourgeoise.

Tout naturellement elle se retrouva parmi les milieux d'opposition à l'Empire, en particulier les plus radicaux. Côtoyant les milieux blanquistes, elle fit sienne les idées socialistes. Tout aussi naturellement, elle fut aux premiers rangs des combattants de la Commune de Paris de 1871, d'abord ambulancière, puis animatrice d'un club révolutionnaire et combattante à l'égale des hommes dans un bataillon de marche contre les Versaillais.

La Commune une fois écrasée, la répression fut sans pitié. Au bas mot, il y eut plus de 30000 massacrés, au moins 10000 condamnations parmi ceux qui ne purent fuir vers l'exil. Les Versaillais ayant pris sa mère en otage, Louise Michel se constitua prisonnière pour la faire libérer. Devant le tribunal militaire, elle revendiqua toutes les actions de la Commune. Condamnée à la forteresse, elle fut finalement reléguée en Nouvelle-Calédonie.

Dans cette île, récemment conquise par la France, elle se montra attentive au sort de la population canaque, y fonda une école, se rangea là encore aux côtés des opprimés. En particulier, elle dénonça la répression de la révolte des Canaques de 1878, sauvagement écrasée par l'armée française qui n'hésita pas à incendier les forêts, brûlant vifs les révoltés qui s'y étaient réfugiés.

Libérée par l'amnistie générale des communards, en juillet 1880, elle revint en France. Elle se rallia alors aux idées anarchistes, dont elle fut la propagandiste infatigable, multipliant les réunions publiques en France et dans les pays voisins.

Durant cette période, autant sa popularité grandit dans le monde du travail, autant elle suscita la haine et le mépris chez les possédants et les bien-pensants. C'est ainsi qu'en 1883, elle fut à nouveau jugée et condamnée à six ans d'emprisonnement, rendue responsable du pillage d'une boulangerie au cours d'une manifestation de chômeurs à Paris. Celle que ses adversaires qualifiait de «pétroleuse», «d'incendiaire» ou encore, avec une pointe de mépris condescendant, de «vierge rouge», mourut au cours d'une de ses tournées de réunions publiques, à Marseille, sans jamais rien renier de son idéal et de ses combats.

Féministe, non seulement en discours, mais en action, militante du mouvement ouvrier, elle fut au premier rang de ceux qui construisirent le mouvement ouvrier en France, dans sa diversité, sa richesse, et la rudesse de ses combats.

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