Salaires de la Fonction publique : En attendant le dégel23/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1899.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Salaires de la Fonction publique : En attendant le dégel

Mardi 21 décembre, début officiel de l'hiver, Renaud Dutreil, ministre de la Fonction publique, n'a pas cru pouvoir faire moins que de maintenir le gel des salaires des 4,7 millions de fonctionnaires. De la proposition, jugée insuffisante par les syndicats, qu'il avait faite le 8 décembre, 0,5% d'augmentation, le ministre a généreusement fait grimper la mise jusqu'à 1% pour 2005.

Première arnaque, cette augmentation se subdivisera en deux parties, 0,5% en février et 0,5% en novembre, ce qui fait en réalité une augmentation de 0,54% sur l'année. Et il lui aura fallu deux heures de cinéma face aux responsables syndicaux pour en arriver là! Comme prévu, ces derniers ont refusé de signer un accord.

En dépit des dérisoires «mesures de justice» que le ministre propose en plus -un coup de pouce symbolique concernant les salaires les plus bas (plusieurs centaines de milliers de salariés proches du smic) et les travailleurs du public dont le déroulement de carrière est bloqué depuis au moins trois ans- on est en effet loin du compte.

Les syndicats signalent une perte de pouvoir d'achat de 5% depuis 2000. Et encore, ce chiffre est largement sous-estimé si on le compare à l'inflation. En 2000, l'augmentation des salaires avait été de 0,5%. En 2001, Michel Sapin, le ministre PS, avait décrété 0,5% en mars puis 0,7% en novembre. En 2002, il y eut une hausse de 0,6% puis le ministre de droite Delevoye tint la promesse de son prédécesseur en accordant 0,7% de plus. En 2003, les travailleurs du public n'eurent droit à rien. Pendant ces cinq années l'inflation s'est maintenue officiellement autour de 2% par an, et le manque à gagner des travailleurs du public -comme ceux du privé dont les salaires sont également à la traîne- se chiffre en milliers d'euros.

Dutreil annonce la somme globale de 400 millions d'euros pour financer cette augmentation, somme qu'il oppose aux milliards que coûterait la proposition des syndicats. «S'il suffisait de faire des manifestations ou des grèves pour que les milliards d'euros tombent du ciel, déclarait, faussement candide, le ministre le 22 décembre à une radio, je serais en tête du cortège». « Mais c'est de l'argent qui vient de la poche des Français!». Et justement, un syndicat a calculé que les 4 à 5 milliards d'euros nécessités par une augmentation de 5% ne correspondraient qu'à un quart des exonérations patronales sur les charges sociales. Mais ce gouvernement choisit bien évidemment de continuer les cadeaux à ces derniers plutôt que de permettre aux travailleurs du public de faire face aux augmentations des loyers, de l'essence, de l'électricité, des transports, etc.

De toute façon, le ministre annonce qu'il remet tout le dossier entre les mains du Premier ministre, qui «prendra sa décision définitive dans les prochains jours -en tenant compte en particulier des marges de redéploiement budgétaire». Il faudra bien plus que la journée d'action annoncée pour fin janvier par les syndicats de fonctionnaires pour que les travailleurs du public puissent obtenir gain de cause!

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