Lyon : Stationnement payant, racket aux dépens des habitants23/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1899.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Lyon : Stationnement payant, racket aux dépens des habitants

À Lyon, la lutte contre le stationnement payant continue dans plusieurs quartiers, les habitants sont mobilisés contre l'augmentation des tarifs des parkings, et contre l'installation de nouveaux horodateurs.

Les parkings payants sont gérés par Lyon Parc Autos, détenu à près de 62% par les collectivités locales (ville de Lyon, Communauté urbaine et département du Rhône). Il existe un abonnement pour les résidents et les autres utilisateurs, ainsi qu'un abonnement nocturne menacé de suppression. La Communauté urbaine a jugé les tarifs insuffisants et a décidé de les augmenter d'au moins 80% d'un coup: des abonnements passeront de 53 euros à 90 euros, d'autres de 76 euros à 140 euros. Les tarifs parcmètres pour résidents passeront de 2 euros à 2,50 euros par jour. Il est prévu aussi un abonnement «domicile» qui n'autorise à sortir sa voiture que quinze fois par mois. Au-delà, il faudra payer 5 euros par sortie.

En supprimant des places de stationnement et en étendant le stationnement payant, la municipalité gauche plurielle de Lyon dit vouloir mener une politique dissuasive envers l'utilisation des voitures. Le projet est de rendre payantes 8 500 places supplémentaires.

Mais finalement, à l'encontre du but recherché, cela incite à prendre la voiture pour aller travailler car il coûte trop cher de la laisser dans la rue ou au parking. Par contre, cela fait rentrer de l'argent: en 2004, les 15000 places de stationnement payantes ont rapporté 4,8 millions d'euros.

À cela s'ajoute le fait qu'il n'y a pas vraiment d'amélioration des transports en commun et que leur prix augmente régulièrement (le ticket unité est à 1,40 euro).

Dans le quartier de la Croix-Rousse, les habitants ont réagi à la transformation, le 1er janvier 2005, de plus de 1000 places gratuites en places payantes (voir LO n°1897). Après plusieurs manifestations de 150 à 300 personnes, ils sont venus à plus de 700 à la réunion organisée, mercredi 15 décembre, par le maire d'arrondissement.

Le responsable aux transports à la Communauté urbaine, Jean-Louis Touraine, a tenté d'expliquer que tout cela était pour notre bien. Mais il a dû lui-même reconnaître que «c'est difficile à expliquer et difficile à comprendre». Pour lui, quand on a les moyens d'entretenir une voiture et d'acheter de l'essence, on peut bien payer un forfait de 24 euros par mois pour garer sa voiture dans la rue... si l'on y trouve une place.

C'est sous les huées que ce responsable a dû abréger puis renoncer. Les résidents se sont largement exprimés, montrant en quoi cette mesure est aberrante et pénalise les plus pauvres. Dans ce quartier qui compte encore de nombreux habitants de milieu populaire, ceux-ci ont l'impression qu'on veut les chasser pour les remplacer par des habitants plus fortunés, d'ailleurs de plus en plus nombreux. Deux personnes, très applaudies, ont exprimé leur regret d'avoir voté PS.

Les responsables présents n'ont répondu à aucune question et la réunion s'est terminée sans décision. Mais samedi 18 décembre, alors qu'une nouvelle manifestation a regroupé une centaine de personnes, Touraine a annoncé que le paiement du stationnement à la Croix-Rousse était reporté d'un mois, qui tiendra lieu de «concertation».

Lundi soir 20 décembre a eu lieu une nouvelle manifestation de plus de 400 personnes devant l'Hôtel de Ville, appelée par des associations de plusieurs arrondissements concernés.

Pendant une heure et demie, dans le froid, sous les fenêtres du Conseil municipal, les manifestants ont sifflé, hué et crié: «Parcmètres, racket; Lyon Parc Autos, escrocs», «Collomb démission» et «Les guignols au balcon». Le maire, Gérard Collomb, et son adjoint, ont fini au bout d'une heure par recevoir une délégation. À sa sortie, l'un des représentants de la délégations a annoncé que les projets étaient gelés pour deux mois, pendant lesquels il y aura des discussions avec les associations et que, comme on n'obtiendrait pas le retrait, il fallait réfléchir à des propositions à faire. Mais pour les manifestants, la seule proposition à faire, c'est le retrait du projet de racket des automobilistes.

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