Jabil Circuit (Brest) : Grève pour le maintien des emplois23/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1899.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Jabil Circuit (Brest) : Grève pour le maintien des emplois

L'usine Alcatel de Brest a été cédée au groupe Jabil Circuit en juin 2002. Suite aux luttes du personnel, Alcatel s'était alors engagé à fournir des commandes à Jabil Circuit pendant trois ans, notamment l'exclusivité de la production de centraux téléphoniques: les PABX.

La renégociation de ce contrat se déroule en ce moment et le personnel craint pour son emploi à brève échéance. Tout indique qu'Alcatel a déjà programmé une forte réduction, voire la fin de ses commandes. Des baisses de prix régulières (5% par trimestre l'année écoulée et 12% au 1er janvier) ont été imposées par Alcatel à Jabil, dont le chiffre d'affaires diminue de mois en mois. Il y a deux mois, l'ensemble de ses sous-traitants locaux (fabrication de câbles, mécanique...) a été averti que les contrats ne seraient pas reconduits. Ces derniers temps, la maîtrise accroît la pression: les sanctions, mises à pied et convocations à la DRH sont en nette augmentation. On voudrait pousser certains dehors qu'on ne s'y prendrait pas autrement!

Le 6 décembre, à l'appel de la CGT, une assemblée générale s'est tenue pour décider des actions à mener. Il y a été décidé, d'une part, d'aller rendre visite à la députée UMP pour lui demander des comptes et, d'autre part, de bloquer les grilles de l'entreprise mercredi 15 décembre.

Si bien que lundi 13, une partie des salariés de Jabil se rendirent à Ploudalmézeau, commune proche de Brest, devant la permanence de cette députée, maire de la ville, avec d'autres salariés d'entreprises de l'électronique, Thomson-Nextream et Thales-Underwater-Systems, eux aussi menacés de licenciements. Là, ils apprirent qu'elle «n'avait pas donné suite» aux précédentes actions, et n'avait notamment jamais envoyé de lettre au ministère du Travail... Alors quelques pneus brûlèrent, ainsi qu'un sapin de Noël, et la municipalité ne sauva son père Noël qu'en le détachant in extremis du fronton de la mairie.

Mardi 14, la direction passa la journée à mener une campagne opiniâtre contre les «violences inutiles» de la veille et surtout contre l'action prévue le lendemain. Elle organisa même un vote, afin de se prononcer pour ou contre le blocage des grilles. Mais, soit que la participation ait été trop faible, soit que le résultat du «vote» n'ait pas été celui qu'elle escomptait, rien ne fut jamais publié. Pour impressionner le personnel, elle fit largement savoir qu'elle aussi serait présente aux grilles le lendemain.

Cela n'a pas empêché qu'entre 5h30 et 16heures, mercredi 15, environ 200 personnes en moyenne participaient au blocage des grilles. Compte tenu que ce jour-là beaucoup de salariés à temps partiel ne travaillaient pas, c'était un succès. La présence de la direction a sans doute produit l'effet inverse de celui recherché, car les petits chefs qui proposaient à «ceux qui voulaient travailler» de les «escorter» ont eu bien peu de succès. Ils se faisaient souvent rabrouer et leur zèle était largement critiqué.

D'autre part, la CGT avait milité auprès des salariés restés sous statut Alcatel (environ 400 personnes, surtout en «recherche et développement») pour qu'ils prennent part à cette action, et beaucoup ont fait ce geste de solidarité bien naturel!

Face à ce mécontentement manifeste, la direction ne cesse d'expliquer que ces actions sont mauvaises pour la réputation de l'entreprise, qu'elles vont faire fuir les nouveaux clients, et qu'au final tout cela va se retourner contre les salariés. Pourtant, les «nouveaux clients» semblent être le dernier de ses soucis puisque le service censé les rechercher n'existe toujours pas. Comme si elle n'y pensait qu'au moment de faire rentrer les salariés dans le rang.

Il est de plus en plus clair pour tous que le groupe Alcatel, en cédant son usine à Jabil, n'a fait que sous-traiter un plan social dont il ne souhaitait pas se charger lui-même. Et les actions entamées ne peuvent que renforcer la volonté des travailleurs de ne pas laisser faire.

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