Guadeloupe : Les dockers suspendent la grève23/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1899.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Guadeloupe : Les dockers suspendent la grève

Lundi 20 décembre, en assemblée générale les dockers de Guadeloupe ont décidé de suspendre leur grève. Après 68 jours de grève, ils veulent mettre les patrons, l'Union des manutentionnaires (UEM), au pied du mur, face à l'opinion publique. Ces patrons clament partout leur intention de négocier et de satisfaire un certain nombre de revendications à condition que les dockers desserrent un peu l'étau. Ils se sont livrés depuis des semaines à une campagne de presse ignoble et mensongère contre les dockers réussissant à monter une partie de la population contre la grève, mais pas de nombreux travailleurs qui, eux, soutenaient la grève.

Les dockers ont donc estimé devoir faire une démonstration, à l'approche de Noël en direction de ceux, nombreux, qui dans la population se plaignaient du manque de certaines marchandises sur le marché, afin de regagner leur sympathie.

Mais ils ont bien insisté sur le fait qu'il ne s'agissait que d'une suspension. Les dockers continuent à réclamer d'être prévenus à l'avance du travail qu'ils auront à effectuer. Ils ne veulent plus être à la disposition de l'entreprise 7 jours sur 7 et être prévenus au dernier moment d'un bateau à décharger. Parfois ils se présentent sur le port à 6h du matin pour s'entendre dire qu'il n'y a pas de travail, qu'ils peuvent repartir et que les patrons préfèrent maintenir le caractère occasionnel de l'embauche. Par ailleurs, le travail des dockers est particulièrement rude surtout lorsqu'ils doivent travailler à 10 mètres à fond de cale au milieu d'énormes containers. Les équipes sont insuffisantes.

En réalité, ce petit lobby de patrons blancs de France ou béké, méprisants et hautains se battent pour le contrôle entier du port. Ils veulent en faire une entreprise privée dont le grand patronat de l'import-export serait propriétaire. Ceci alors que toutes les installations portuaires ont été réalisées avec l'argent public. Pour cela il faut que le port soit concurrentiel, et que le maximum de travail soit fait par le moins possible de salariés. Voilà le véritable enjeu pour les patrons.

Malgré les propos de certains plumitifs clamant la «défaite» des grévistes, les patrons auraient bien tort de crier victoire. Le moral des travailleurs du port est au beau fixe. Seuls 22 d'entre eux sur 300 avaient repris le travail depuis près de quinze jours déjà. Ce sont les dockers eux-mêmes qui ont décidé la suspension. Mais ils n'oublient rien des calomnies et des propos méprisants que les patrons ont fait pleuvoir sur eux. Ils entendent mettre cette trêve à profit pour reprendre des forces. Et si les revendications ne sont pas satisfaites, pour qui connaît le caractère des dockers de Pointe-à-Pitre, le retour de flamme risque d'être très douloureux pour le monde patronal.

Partager