Entrepôts H&M Le Bourget (93) : Grève pour les salaires et la dignité23/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1899.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Entrepôts H&M Le Bourget (93) : Grève pour les salaires et la dignité

Depuis le 13 décembre, les salariés des entrepôts H&M, au Bourget, sont en grève pour obtenir des augmentations de salaire et des conditions de travail décentes. Un piquet de grève, où les grévistes se relaient jour et nuit autour de braseros, est installé devant la porte, empêchant tout approvisionnement des 63 magasins français de cette chaîne d'habillement, dont les rayons commencent à se vider.

H&M est une marque suédoise qui possède plus de mille magasins dans le monde entier. Elle est présente en France depuis 1998. Au cours des trois dernières années, le nombre de boutiques ouvertes a augmenté de 40%, tandis que le chiffre d'affaires de l'entreprise croissait de 60%. En 2003, il se montait à environ 5,8 milliards d'euros. C'est peu dire qu'elle a les moyens de payer. Mais cette augmentation du chiffre d'affaires se fait au détriment des salariés. En 2000, après une première grève, ils avaient obtenu «à l'arraché» le versement de cette prime, limité à trois ans, et un treizième mois de salaire. Depuis, les salaires n'ont pas bougé. Ils se situent actuellement à un peu moins de 1000 euros net par mois, 850 pour les plus bas.

Les grévistes réclament donc des augmentations générales de salaire de 11%, et non pas «au mérite» (c'est-à-dire selon le bon vouloir des chefs), comme elles se font actuellement, ainsi que la poursuite du versement de la prime d'intéressement. Après plusieurs mois de négociations avec la direction, la seule concession qu'elle ait faite a été une augmentation «ridicule» de 10 centimes pour le ticket restaurant!

Mais au-delà des salaires, les salariés de H&M veulent aussi qu'on les traite avec dignité. Dans l'entreprise, le travail précaire est de mise, 40% des 300 salariés de l'entrepôt du Bourget sont intérimaires, et certains ont été employés de façon abusive pendant quatre ans. Les boutiques tournent aussi avec des intérimaires, auxquels s'ajoutent des étudiants, qui restent quelques mois en attendant de trouver mieux. La plupart du temps, ce sont des femmes, à qui on ne demande pas seulement de vendre des habits, mais aussi de décharger les camions ou de porter de lourdes charges. À l'entrepôt, le travail se fait en équipe -comme si c'était indispensable, alors qu'il ne s'agit que de livrer des articles de mode!- et il débute à six heures du matin. Certaines mères de famille qui habitent loin sont obligées de se lever à 4h30 et si jamais, à cause d'un problème de transport, les employés arrivent en retard, c'est pour trouver un chef devant la pointeuse, auprès de qui il faut se justifier; cela peut même remonter jusqu'à un entretien avec le patron.

Face à l'arrogance et à la pingrerie de la direction qui refuse de les entendre, les salariés de H&M ont répondu par la grève. Lundi 20 décembre, la direction les a assignés en référé devant le tribunal de Bobigny, pour obtenir la levée immédiate du blocage des portes. Mais, contrairement à l'attente de l'avocat de la direction, le tribunal a mis sa décision en attente jusqu'au 24 décembre. Cela a été ressenti comme un encouragement par les grévistes, qui continuent le blocage des portes.

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