SNCF : Le 25 novembre, et après ?02/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1896.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

SNCF : Le 25 novembre, et après ?

La manifestation nationale des cheminots le jeudi 25 novembre a donc été un succès, avec 50000 manifestants selon le chiffre donné par les organisateurs, la préfecture de police disant n'en compter que 15000, venus de toutes les régions du pays.

Toutes les directions syndicales de la SNCF avaient appelé à cette manifestation, sans toutefois lancer d'appel national à la grève. Mais dans un certain nombre d'endroits, des syndicats -CGT et Sud principalement- avaient déposé des préavis de grève locaux, de façon à couvrir ceux qui souhaitaient se mettre en grève pour rejoindre les manifestants. Et ils se sont retrouvés nombreux à exprimer un mécontentement croissant face aux suppressions de postes, aux réorganisations, aux sanctions multiples, injustes, parfois pour un mot de travers ou pour des broutilles, qui montrent la façon dont Gallois, le président de la SNCF, entend faire passer brutalement sa politique de rentabilité dans l'entreprise.

Les manifestants réclamaient des embauches, des augmentations de salaire. Ils refusaient les réorganisations et les restructurations engagées par la SNCF au détriment des conditions de travail, la mise en place d'un service minimum et la restriction de leur droit de grève.

La CGT a signé avec la direction un accord de prévention des conflits qui, dans l'esprit de Gallois comme de la fédération CGT, devrait limiter les mouvements sociaux. Mais la CGT n'est certes pas à une contradiction près et elle explique que, si elle est favorable à ce qu'elle appelle "un dialogue social efficace" et à une procédure renforcée de "prévention des conflits", elle se situe toujours dans une "opposition résolue à toute nouvelle loi" qui s'attaquerait au droit de grève. Pour la fédération CGT, qui appelait les actifs et retraités à manifester ce 25 novembre, il fallait faire la démonstration qu'elle n'avait rien perdu de sa capacité de mobilisation et qu'il était possible d'être nombreux dans la rue, mais sans faire grève, sans gêner les usagers et surtout sans gêner la direction SNCF, en laissant les trains circuler. Cette façon de faire ne pouvait que réduire la portée de la manifestation.

Et pourtant, bien qu'il n'y ait pas eu d'appel national à la grève, le nombre des participants a fait du 25 novembre un succès, remarqué non seulement par les cheminots mais aussi par de nombreux travailleurs du secteur privé, contents de voir tout un secteur de la classe ouvrière mobilisé. Dans la période actuelle d'offensive antiouvrière du patronat et du gouvernement, cela constitue un réconfort pour tous ceux qui n'acceptent pas de subir en silence.

Les problèmes sont partout les mêmes: insuffisance des salaires, des effectifs, dégradation des conditions de travail. Les cheminots ont répondu "présent". Alors, pourquoi cette manifestation devrait-elle rester isolée et sans lendemain? Pourquoi ne serait-il pas possible d'aller vers une mobilisation progressive de l'ensemble du monde du travail, surmontant la résignation et le sentiment d'isolement actuels?

Oui, c'est une mobilisation de l'ensemble des travailleurs, "tous ensemble", qui serait nécessaire pour parvenir à faire reculer gouvernement et patronat. Mais cela, ce n'est vraiment pas ce que préparent les directions syndicales.

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