Siemens-VDO - Toulouse : Un débrayage pas volé02/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1896.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Siemens-VDO - Toulouse : Un débrayage pas volé

Siemens-VDO à Toulouse est une usine de près de 3000 travailleurs qui fabrique du matériel électronique pour l'automobile: calculateurs, injections électroniques, airbags, etc. Il y a environ 300 ouvriers en fabrication et le reste du personnel se répartit entre cadres et techniciens dans des bureaux d'études et des services d'essais. Il y aussi près de 450 intérimaires (plus que d'embauchés en fabrication), et près de 300 sous-traitants sur les presque 3000 salariés que compte l'usine.

Cela faisait déjà plusieurs semaines que la direction cherchait à mettre la pression sur les ouvriers: lettres envoyées aux salariés ayant eu un entretien annuel "insuffisant", convocations, sanctions et pressions diverses, retenue de 250 euros sur l'intéressement pour "défaut de qualité", etc.

Devant le mécontentement perceptible suite à ces pressions, des réunions du personnel ont été organisées en fabrication par le syndicat CGT. À celle de l'équipe de nuit, dans la nuit de mardi 23 à jeudi 24 novembre, les ouvriers ont décidé de faire quatre heures de débrayage, et tout de suite. Ils ont voté à la quasi-unanimité le débrayage et les revendications: embauche des intérimaires; annulation de toutes les sanctions; que la direction rende les 250 euros qu'elle avait retenus sur l'intéressement; et restitution des jours fériés tombant un samedi.

L'équipe de nuit a donc débrayé de 2h à 6h, pour attendre l'équipe du matin. Une autre assemblée générale était décidée en équipe du matin, une autre avec la journée et une en équipe d'après-midi. Le chef du personnel arriva dès 2h30 du matin pour dire aux grévistes que la participation 2004 serait débloquée avant la fin de l'année, et tenter de les faire reprendre. Les ouvriers n'en ont pas moins continué leur mouvement, préparant des panneaux pour prévenir de la grève les arrivants du matin et appeler aux assemblées prévues.

À 6h, l'équipe du matin se réunit et vota (à plus de 80%) le même débrayage de quatre heures, cette fois-ci de 6h à 10h, ainsi que les revendications posées par la nuit. Une délégation, délégués/ouvriers non syndiqués, fut élue pour aller porter les revendications à la direction. La direction ne voulut recevoir que les délégués (un CGT, un CFDT) mais les autres restèrent devant la porte: après s'être montrée très agressive, la direction dit qu'elle allait répondre. Puis à 11h, elle répondit qu'elle discuterait des revendications... le 6décembre.

Après qu'une cinquantaine de travailleurs de journée (les bureaux) sont venus à l'assemblée de 9h30, il y eut environ 200 personnes à l'assemblée de 14h: l'équipe de matin, l'équipe d'après-midi et une centaine de travailleurs de journée. La réponse de la direction ne fut pas appréciée: l'équipe d'après-midi vota elle aussi le débrayage de quatre heures et les revendications (toujours à environ 80%). L'assemblée donna mandat à la délégation syndicale d'exiger de discuter tout de suite des revendications. La délégation se rendit donc à la direction, qui finit par accepter de rencontrer les syndicats la semaine suivante.

Tous les salariés des équipes étaient très contents de cette journée, avec le sentiment de s'être fait respecter. Une nouvelle assemblée générale était appelée jeudi 2 décembre, pour faire le point des discussions syndicats-direction.

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