Rénovation des ascenseurs : Une urgence... qui s'étalera sur quinze ans02/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1896.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Rénovation des ascenseurs : Une urgence... qui s'étalera sur quinze ans

Il a fallu attendre plus d'un an après le vote de la loi relative à la mise en sécurité des ascenseurs pour que paraissent au Journal Officiel les décrets d'application qui la rendent effective. Et il va falloir attendre bien plus longtemps encore pour que se fasse la rénovation des ascenseurs anciens ou défectueux, puisque les propriétaires ont cinq, dix ou quinze ans pour effectuer les travaux, selon l'urgence des risques identifiés.

Les travaux qui devront être effectués d'ici 2008 concernent le verrouillage des portes palières, les clôtures, l'installation de parachutes ou de détecteurs de mouvements. Cela peut paraître une évidence pour empêcher les chutes dans la cage alors que la cabine n'est pas à l'étage, ou pour éviter le démarrage intempestif alors qu'une personne est encore à moitié à l'extérieur, mais beaucoup trop d'ascenseurs sont dangereux sur ces points. L'éclairage, les dispositifs d'alerte quand on reste bloqué ou la précision d'arrêt aux étages viendront plus tard. En outre, des contrôles techniques devront être réalisés tous les cinq ou dix ans.

Mais d'ici 2018, si les accidents continuent au même rythme (et plus le parc vieillira plus les risques augmenteront, indépendamment des mises en conformité), chaque année 2000 usagers ou agents seront victimes d'accidents, dont 200 graves et quelques-uns même mortels, et 126000 personnes seront bloquées dans une cabine d'ascenseur.

Avec 420000 ascenseurs en usage, empruntés par cent millions de passagers par jour, la France possède le parc le plus important d'Europe, mais aussi l'un des plus vieux puisque les deux tiers ont plus de vingt ans, et certains datent même de la fin du XIXe siècle. Mais ce n'est pas tant leur âge qui pose problème que leur vétusté et le manque d'entretien. C'est vrai surtout dans les logements sociaux (un dixième du parc), et cela indépendamment des dégradations;ces dernières années, plusieurs accidents graves ou mortels s'y sont produits.

Cette loi impose donc des mesures qui auraient dû aller de soi, si les sociétés d'HLM ou les propriétaires privés ne cherchaient pas à faire des économies y compris sur la sécurité des personnes, car la majeure partie des accidents ou incidents auraient certainement pu être évités par un contrôle et un entretien plus fréquents. En outre, cela serait revenu moins cher aux habitants.

Même si son application est étalée sur quinze ans, cette loi est malgré tout une aubaine pour les entreprises spécialisées dans la fabrication, l'installation et l'entretien des ascenseurs;elles peuvent se frotter les mains à la perspective des rentrées financières importantes qui vont en découler. En revanche, pour les locataires, même si elle améliore la sécurité, elle se traduira par une augmentation des charges, puisqu'ils supporteront en grande partie une facture globale estimée à quatre milliards d'euros.

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