Plan autisme : Une goutte d'eau02/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1896.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Plan autisme : Une goutte d'eau

Le 27 novembre, la première pierre d'un centre d'accueil pour autistes a été posée en Seine-et-Marne. Il accueillera dans un an 22 adolescents et 10 adultes. Au même moment, le gouvernement annonce un plan "autisme 2005", censé donner une nouvelle impulsion à la prise en charge de cette maladie qui se traduit par une quasi-impossibilité à communiquer avec le monde extérieur.

Donner une impulsion, c'est le moins que le gouvernement puisse faire, car il y a entre 30000 (selon les pouvoirs publics) et 100000 autistes (selon les associations et les scientifiques) pour... un peu moins de 5000 places dans des établissements spécialisés. C'est un véritable drame pour les parents, drame que le procès, en 2000, d'une mère poursuivie pour avoir tué son enfant autiste, avait mis en évidence. Elle déclarait: "Tant qu'elle a été enfant, il y avait des éducateurs. Mais après dix-huit ans, un autiste en France n'a que le choix d'aller en hôpital psychiatrique. Et là il reste seul, à crier, à hurler..."

Le manque de moyens est tellement scandaleux que les différents gouvernements se sont sentis obligés de se pencher sur ce problème. En décembre 1996 une loi fut promulguée par Simone Veil, visant à "assurer une prise en charge de l'autisme" au cours d'un plan de cinq ans. Faute de moyens, cinq ans après on en était au même point. Puis en 2000 Jospin promit la création de 1000 places en trois ans, ce qui était encore une fois bien insuffisant.

Pour les parents, de plan en plan, la seule solution reste de faire du porte-à-porte et de supplier les directeurs de structures spécialisées d'accepter leur enfant. La carence de l'État fait reposer en grande partie la prise en charge des malades sur les seules associations, comme celle qui vient d'ouvrir le centre en Seine-et-Marne, après avoir créé une soixantaine d'établissements de ce genre en France.

Avec le plan autisme, 500 places pour enfants et 800 pour adultes devraient être créées en 2005. C'est ce que le gouvernement appelle un coup de pouce puisque, dans le budget 2004, il avait prévu 750 places pour les enfants et 1 200 pour les adultes, mais d'ici 2007. Les sommes débloquées se monteraient à 134 millions d'euros pour 2005.

Un véritable plan autisme, ce serait beaucoup plus d'argent, pour créer des dizaines de milliers de places et former le personnel médical et soignant indispensable. Mais pour cela il faudrait un changement complet de politique, pour l'autisme, comme d'ailleurs pour d'autres maladies.

Ainsi pour les maladies dites "rares", qui touchent moins d'une personne sur 2000 en France, le gouvernement vient de présenter le 20 novembre un autre plan, avec un financement de 98 millions d'euros pour les cinq années à venir.

À la veille du Téléthon, qui aura lieu les 3 et 4 décembre et qui avait recueilli en 2003 près de 100 millions d'euros, soit l'équivalent des sommes débloquées pour les maladies "rares" pour cinq ans, cette succession de plans, aussi dérisoires les uns que les autres, qui ne représentent que des gouttes d'eau dans une mer de besoins, a quelque chose d'indécent. Pour trouver des millions d'euros, il y aurait d'autres moyens que de faire appel à la générosité sans faille du grand public.

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