Les ministres passent, le chômage reste02/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1896.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Les ministres passent, le chômage reste

Le nouveau ministre des Finances du gouvernement Raffarin, Hervé Gaymard, s'est livré dès son intronisation à quelques vagues déclarations de principe, adaptées à sa nouvelle fonction et bien dans la ligne de cette équipe toute dévouée au service du patronat.

Il a assuré, nul n'en doutait, que le gouvernement allait "continuer de baisser les impôts et les charges sur les entreprises", en "continuant de faire des économies sur le train de vie de l'État". Traduisez: des cadeaux aux entreprises et des économies sur le service public. Une autre "priorité" affichée est de "supprimer les obstacles à la croissance et donc à l'emploi", le nouveau ministre se réclamant d'ailleurs du prétendu pari de Raffarin - faire baisser de 10% le nombre des chômeurs... l'an prochain. Et, pour y parvenir, "le volontarisme en économie est très important", a-t-il déclaré, ajoutant une touche personnelle.

Ironie du calendrier, le ministère du Travail publiait le lendemain de la prise de fonction du nouveau superintendant les statistiques mensuelles du chômage dans le pays. Les chiffres sont évidemment toujours aussi sombres: même si les statistiques officielles affichent une très légère diminution du nombre des sans emploi, moins 0,1% en octobre par rapport à septembre, elles ne peuvent dissimuler les 2444300 chômeurs dits "de catégorie 1" (immédiatement disponibles, à la recherche d'un emploi à durée indéterminée à temps plein). De plus, si elles tiennent compte des travailleurs qui ont exercé une activité "de plus de 78 heures dans le mois" -la "catégorie 6"-, le nombre total de sans- emploi dépasse 2,9 millions. De toute façon, d'une année sur l'autre, et même en appliquant les catégories définies par l'administration afin de dissimuler une partie des chômeurs totaux ou partiels, les faits sont là: le nombre de travailleurs sans emploi a augmenté de 1,7% depuis octobre 2003, et plus encore les chômeurs de longue durée (4,1% de plus en un an). C'est ainsi que 756800 travailleurs sont au chômage depuis au moins un an et, ce qui est particulièrement dramatique pour des milliers de familles, le nombre de celles et ceux qui pointent à l'ANPE depuis deux à trois ans en continu s'est accru de 9,9% sur l'année. Tout ceci sans compter les chômeurs qui ne sont plus inscrits à l'ANPE, et encore moins les travailleurs dont le statut -stage, travail à temps partiel imposé...- les écarte des catégories du ministère du Travail.

Le chiffre est donc là, brut, 9,9% de chômeurs officiels. Cela n'empêchera pas le gouvernement, par la voix de son nouveau ministre des Finances, de claironner le chiffre de 2,5% de croissance prévue pour 2004, même s'il en rabat un peu pour 2005, année pour laquelle les 2% de croissance restent seulement "crédibles". Ces gens-là n'ont d'intérêt bien sûr que pour la croissance des profits et, dans cette optique, la courbe obstinément ascendante des sans-emploi n'est qu'un élément graphique qui n'attriste pas les actionnaires.

Partager