Cherbourg (Manche) : Un environnement explosif02/12/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/12/une1896.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Cherbourg (Manche) : Un environnement explosif

Il y a quelques semaines, certains habitants de Cherbourg ont cru être victimes d'un séisme. Plus d'une vingtaine de personnes ont en effet signalé des vibrations perçues dans leurs logements. Mais la vallée n'est pas située sur une faille sismique, c'était juste la pyrotechnie voisine qui effectuait des essais de tirs.

Un habitant a ainsi reçu sur la remise de sa maison une pierre détachée de la roche, un autre a vu des ustensiles posés sur une étagère voler par terre. Interloqués, ils se sont demandés ce qui se passait. À leur grande surprise, quelques jours plus tard, ils apprenaient par les informations que la destruction d'anciennes grenades allait commencer près de leur domicile.

Il s'agit en fait d'une vieille histoire: des milliers de grenades de fabrication espagnole devaient être détruites depuis leur déclassement par la Marine nationale. Le système choisi consistait alors à les immerger au large et à les faire sauter. Un drame s'était produit le 30 avril 1997: l'embarcation La Fidèle qui transportait les artificiers a explosé et sombré ce jour-là, faisant cinq morts, dont quatre ouvriers de l'Arsenal ainsi qu'un marin, et 17 blessés. Depuis lors, les destructions étaient interrompues et plus de 2000 grenades restaient toujours entreposées à la pyrotechnie du Nardouët, dans l'attente de leur destruction.

Malgré le fait que l'enquête sur La Fidèle n'ait toujours pas touché à sa fin, la justice a donné en mai dernier son feu vert pour recommencer les feux d'artifice. Des tirs de validation avaient été effectués au printemps et en septembre octobre, responsables probablement des chocs perçus par les riverains.

Cette fois, il n'est plus question d'effectuer en mer la destruction de ces engins devenus très instables et donc très dangereux. Ce sont des robots qui s'en chargeront. Mais la force de ces déflagrations est telle que le bâti de tir, construit dans de la coque épaisse de sous-marin, est d'ores et déjà attaqué. Ce bâti, pesant une dizaine de tonnes, recule d'une dizaine de centimètres à chaque impact. L'état-major de la Marine, minimisant les risques, admet que ces tirs puissent entraîner des nuisances pour les riverains, mais prétend qu'il s'agira uniquement de nuisances sonores.

En tout cas, ceux qui ont subi les répercussions des premiers essais sont très inquiets. D'autant que ces tirs de destruction devraient durer jusqu'à cet été, car ils ne peuvent être effectués par vent trop violent ou par temps de pluie. Même en temps de paix, ces engins de guerre représentent décidément une véritable plaie pour la population!

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