Union européenne : Des perspectives pour les marchands d’armes25/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1895.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Union européenne : Des perspectives pour les marchands d’armes

Les ministres de la Défense des vingt-cinq pays membres de l'Union européenne ont rendu officielle, le 22 novembre, la création de treize "groupements tactiques", des forces permanentes d'intervention regroupant chacune 1500 soldats et censées pouvoir être déployées en quinze jours maximum dans n'importe quel endroit du globe. Et pour sceller cette décision, ils se sont voté une enveloppe de 20 millions d'euros, pour commencer bien sûr, afin d'oeuvrer à pallier les lacunes en matériel que l'Europe militaire déplore.

Ces groupes de combat ne sont pas présentés comme étant en concurrence avec les forces "atlantiques", au contraire, se défend le ministre de la Défense néerlandais -dont le pays préside actuellement l'Europe des Vingt-Cinq-, "le concept de groupements tactiques est complémentaire de la force de réaction rapide de l'OTAN"! À l'initiative de cette nouvelle force de frappe, on trouve la Grande-Bretagne et la France.

À elle seule, celle-ci a prévu d'être présente dans trois groupes de combat différents: un groupe uniquement franco-français, un groupe en duo avec la Belgique et un troisième réunissant également l'Allemagne, l'Espagne et le Luxembourg. La ministre française des Armées s'est réjouie de constater que deux de ces groupes, l'anglais et le français, seront opérationnels dès 2005. "Nous entrons dans une phase de très grande instabilité et si nous voulons travailler pour éviter cette déstabilisation générale du monde, il faudra que nous soyons à même d'envoyer des troupes pour arrêter les crises", affirme sans rire Michèle Alliot-Marie. On peut voir comment l'État français entend éviter la déstabilisation... en Côte-d'Ivoire, par exemple, ou au Congo.

Les gouvernements européens -ou du moins ceux de France, d'Allemagne et quelques autres- ont critiqué l'intervention américaine en Irak. Mais ils ne s'en donnent pas moins les moyens d'intervenir de la même façon, et ils l'ont d'ailleurs fait maintes fois dans le passé, en ex-Yougoslavie par exemple, de façon coordonnée. Bien sûr, le prétexte est à chaque fois "d'arrêter une crise" ou "d'assurer la paix". En fait, pour les dirigeants européens, l'intervention et la présence militaire sont d'abord un moyen de garantir les intérêts de leurs trusts et leur éventuelle participation à un partage des marchés, de défendre aussi l'ordre impérialiste. Ils peuvent le faire à leur propre compte -comme le fait la France en Côte-d'Ivoire- ou en coordination avec d'autres puissances européennes ou extra-européennes, comme certains l'ont fait en Irak -dont la Grande-Bretagne- ou en Afghanistan -dont la France. Et ils veulent être prêts à le refaire dans l'avenir.

Loin de viser à protéger des peuples, ces interventions sont toutes des actes de brigandage destinés avant tout à soutenir les intérêts des classes possédantes des États impérialistes. Et puis, derrière l'Europe de la défense qui gonfle ses plumes, on devine sans peine les sourires comblés des Dassault et autres Matra dont les tiroirs-caisses s'apprêtent à recueillir cette manne. Car ceux-ci comptent bien que les "groupements tactiques" effectués à l'échelle européenne, et englobant en particulier les nouveaux États membres, auront pour résultat de faire de ceux-ci des clients des gros industriels européens de l'armement, qui se trouvent justement dans les pays impérialistes comme la France, la Grande-Bretagne, l'Allemagne et l'Italie, qui dominent l'Union européenne.

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