Sollac-Dunkerque : Urgence extrême aux hauts fourneaux25/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1895.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Sollac-Dunkerque : Urgence extrême aux hauts fourneaux

Depuis un mois, l'usine sidérurgique Sollac à Dunkerque a connu des accidents dont les conséquences auraient pu être dramatiques.

Le 15 octobre, une conduite de gaz épuration du haut fourneau 3 a explosé. Cette conduite de 2 m de diamètre, qui n'avait jamais fait l'objet d'un contrôle depuis sa mise en place en 1984, n'avait plus que trois millimètres d'épaisseur, contre une dizaine sur une conduite neuve...

Le 22 octobre, la cuve du haut fourneau 2 s'est percée au niveau du creuset. La fonte en fusion s'est répandue sur le plancher. La salle de commande des déboucheuses et une grue ont été détruites. S'il y avait eu des travailleurs, ils seraient morts brûlés. Mais autour de minuit, il n'y avait personne. Ce haut fourneau, qui produit plusieurs milliers de tonnes de fonte chaque jour, a été plusieurs fois retapé avec des renforts. Maintenant les fondeurs disent qu'"il va nous péter à la gueule".

Le 28 octobre, un incendie s'est déclaré sur le mécanisme de chargement du haut fourneau 3. Encore une fois, il n'y avait personne car c'était le moment de la relève des équipes. Tous ces accidents mettent en cause la politique d'économies en personnel et en entretien de la direction de Sollac. Alors que la production ne fait qu'augmenter, le nombre des travailleurs n'a fait que baisser (de 4 571 à 3 998 en dix ans). Il n'y a plus ainsi de travailleur pour surveiller en permanence la marche des hauts fourneaux. Tout ce qui intéresse Sollac, c'est la production, qui rapporte en ce moment de gros profits. Pour éviter qu'un drame ne se produise à Dunkerque, il faudra obliger les patrons à respecter la sécurité.

Accidents en série

À la Sollac, ces derniers jours ont été marqués par des accidents graves qui ont touché des travailleurs d'entreprises sous-traitantes. Le 9 novembre, un intérimaire de 21 ans, employé par la société Amec Spie, a fait une chute de 5 mètres à l'aciérie, en effectuant des travaux de câblage électrique. Il ne savait pas qu'il y avait le vide en dessous de la zone d'intervention et il n'y avait pas d'éclairage. Il a eu le bassin fracturé et un éclatement de la rate.

Le même jour, un grutier de l'entreprise Heckett Multiserv a été gravement blessé au pied. La cabine de conduite s'est soulevée et, par suite de la rupture des attaches, lui est tombée dessus. Quelques jours plus tard, à la Cokerie, un travailleur de Multiserv a pris un contrepoids sur le poignet...

Par la sous-traitance, Sollac réduit ses coûts, imposant, avec la complicité des entreprises sous-traitantes, des conditions de travail et de sécurité scandaleuses à leurs ouvriers...

Arcelor: toujours plus de profits

Le trust sidérurgique Arcelor - qui possède entre autres Sollac - vient d'annoncer 629 millions d'euros de profits au troisième trimestre, soit six fois plus que durant la même période de l'an passé. Depuis le début de l'année, Arcelor a fait ainsi 1,494 milliard d'euros de bénéfices et il s'est désendetté de plus de 2,16 milliards d'euros. Soit un enrichissement de plus de 3,6 milliards en neuf mois. Quant au 4e trimestre de 2004, le PDG Dollé dit ne pas voir "pourquoi il serait moins bon que le troisième".

Arcelor profite à fond de l'importante demande d'acier à l'échelle mondiale qui lui a permis d'augmenter ses prix de 30 à 70% cette année selon les types d'aciers. Il a déjà prévu de nouvelles hausses de 20% au premier trimestre 2005. À en croire ses dirigeants, il s'agirait simplement de répercuter le coût à la hausse des matières premières. Mais la presse économique elle-même voit dans ces hausses des prix une des raisons des importants bénéfices d'Arcelor cette année.

En tout cas, les patrons d'Arcelor continuent à vouloir supprimer des milliers d'emplois en France et en Europe et à laisser les salaires loin derrière la hausse des prix

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