Dépenses de l’Élysée : Le silence est d’or25/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1895.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Dépenses de l’Élysée : Le silence est d’or

Une multiplication par sept depuis 1995: telle est la progression des dépenses officielles de la Présidence de la République depuis que Chirac s'y est installé. Une augmentation princière, que le Parti Socialiste s'est fait une joie de fustiger lors du vote du budget.

Pourtant, au regard des salaires perçus par ses propres ministres, Chirac ferait presque pitié: alors qu'un modeste secrétaire d'État touche 12795 euros mensuels, un ministre 13471 et que le premier d'entre eux, Raffarin, pointe à 20206 euros, Chirac, le pauvre, n'émarge officiellement que pour 6594 euros par mois. Une vraie misère... s'il n'y avait pas de petits à-côtés.

En effet, le budget de la Présidence, qui se monte officiellement à 31 millions d'euros, soit plus de 2,5 millions d'euros par mois, et a augmenté de 580% en neuf ans, est tout entier placé sous le signe de l'opacité. Le détail des dépenses n'est pas publié, et ni le Parlement, ni la Cour des comptes, ni personne n'a le droit d'en connaître les détails. Une bonne partie du budget réel resterait occulte: un député socialiste estime celui-ci à 95 millions, soit trois fois le montant annoncé et voté par l'Assemblée nationale.

Si le montant des sommes englouties, sans aucun contrôle, est exorbitant, ces pratiques ne sont pas nouvelles. En pourfendant le montant et l'opacité de ces dépenses, les députés socialistes utilisent un sujet en or massif, qui leur permet de dénoncer les pratiques scandaleuses de Chirac sans que cela engage à grand-chose. Mais avant il y avait les "fonds spéciaux", dont disposaient sans contrôle les différents ministères et que Jospin a décidé de supprimer en 2001, à la suite d'une campagne orchestrée cette fois par un député de droite.

Mais il n'y a pas qu'à l'Elysée que des sommes colossales sont soustraites à la collectivité pour être consacrées à des dépenses de prestige et enrichir quelques copains ou quelques coquins. C'est même la règle dans la société capitaliste, où l'ensemble de l'économie est organisé dans le seul but d'entretenir une couche de parasites. Et le secret par lequel Chirac dissimule ces sommes aux yeux de la collectivité ne diffère en rien de celui par lequel tout bourgeois protège ses comptes en banque des regards trop curieux.

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