Côte-d’Ivoire : Troupes françaises hors d’Afrique !25/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1895.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Côte-d’Ivoire : Troupes françaises hors d’Afrique !

Il est difficile de savoir si Gbagbo et Chirac vont finalement se réconcilier malgré les événements dramatiques de ces dernières semaines en Côte-d'Ivoire. Pour l'instant la tentative de Laurent Gbagbo de lancer une offensive sur le nord du pays a fait long feu. Il a renoncé provisoirement à tenter de reprendre le contrôle du territoire aux mains de ses opposants, les "Forces Nouvelles".

Le gouvernement ivoirien dit d'union nationale s'est réuni le 18 novembre comme si de rien n'était et le porte-parole des troupes françaises a annoncé que les troupes venues en renfort à Abidjan allaient être "renvoyées dans le Nord et dans l'Ouest". Et il est probable que le ton plus conciliant de part et d'autre soit le prélude à une réconciliation entre Gbagbo et le gouvernement français, qui était jusqu'ici son plus solide soutien. Après tout, entre brigands, on peut s'entendre si les intérêts se rejoignent.

Mais pour ce qui est de la population de Côte-d'Ivoire, elle n'oubliera pas de sitôt l'attitude criminelle des troupes françaises qui n'ont pas hésité à tirer sur la foule devant l'hôtel Ivoire, faisant plusieurs dizaines de morts et des centaines de blessés. Ce haut fait d'armes, digne d'une armée d'occupation coloniale, vient effectivement s'ajouter à tout ce que la domination française a pu perpétrer comme méfaits contre la population, dont les sentiments d'humiliation et de haine n'ont pu que s'accumuler depuis des décennies.

Car la présence des troupes françaises en Côte-d'Ivoire ne date ni d'hier, ni d'un mois, ni même de quelques années. Elles y sont depuis l'époque coloniale et elles sont restées là après l'indépendance du pays, il y a quarante ans! Et même si quelques troupes sont renvoyées ces jours-ci loin d'Abidjan, le gouvernement français n'a nullement l'intention de réduire sa présence militaire en Côte-d'Ivoire. L'armée y a toujours été l'agent de la domination coloniale, avec tout ce que cela implique de pillages, de travaux forcés, d'exactions pour la population. Et, depuis l'indépendance, l'armée est là pour préserver la mainmise des grands groupes industriels et financiers français sur le pays. L'indépendance du pays se limite au droit d'avoir un drapeau, un hymne national, un siège à l'ONU pour voter, de préférence comme la France le demande. Car c'est bien grâce aux voix de quelques-unes de ses anciennes possessions coloniales en Afrique que la France a encore voix au chapitre à l'ONU. À cet égard Le Figaro cite le mot de l'ancien ambassadeur américain en Angola: "La France est grande lorsqu'elle monte sur les épaules de l'Afrique"!

Voilà les intérêts que l'armée française défend en Côte-d'Ivoire, dans le mépris le plus complet pour les intérêts et les besoins de la population. Les couches populaires vivent dans une misère effroyable. Elles n'ont pas profité du miracle ivoirien qui a enrichi une mince couche de profiteurs autochtones mais surtout les grands groupes français, les Bouygues, les Bolloré et autres Total. Elles sont victimes de la démagogie xénophobe et ethniste de Gbagbo et de ses opposants. Chacun s'évertue à dresser les ethnies les unes contre les autres. Ce sont les classes pauvres de toutes ethnies et de toutes origines qui payent le prix de cette démagogie et subissent les violences ethnistes des voyous du régime, sans que les représentants du gouvernement français s'y opposent moindrement: ils laissent faire, les soldats français laissent faire. C'est un mépris ouvert et manifeste pour la vie des pauvres gens. Seuls les Blancs et les riches ont droit à quelques égards.

La présence des troupes françaises ne contribue en rien à sécuriser la population. Elle cautionne au contraire les violences ethnistes et alimente la haine contre la domination française qui perdure.

Ici, en France, la classe ouvrière doit s'opposer à ce que les groupes industriels et financiers, qui exploitent les travailleurs ici même, continuent à piller les peuples de la Côte-d'Ivoire. Les exploiteurs et les troupes françaises doivent quitter la Côte-d'Ivoire, comme l'ensemble de l'Afrique!

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