Transport routier : L'État privatise les contrôles03/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1892.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Transport routier : L'État privatise les contrôles

En juin 2003, le ministre de l'Économie, des Finances et de l'Industrie annonçait l'externalisation des centres de contrôle technique pour les poids lourds. Celle-ci va entrer en vigueur le 1erjanvier 2005. Cent soixante-trois centres de contrôle technique seront privatisés. Les 700 personnes qui assurent le suivi administratif et les contrôles techniques des véhicules devront, soit quitter la Fonction publique avec une prime de 45000 euros, soit trouver un autre poste au sein de la Fonction publique.

Si petit à petit ces contrôles avaient obligé les patrons routiers à respecter des normes de sécurité avant de pouvoir faire circuler leurs camions, il est à craindre, du fait de cette mesure, que l'état des flottes de camions se dégrade. Le souci permanent de rentabilité des entreprises privées qui prendront en charge les contrôles, les conduiront probablement à les rendre de plus en plus rapide et à laisser de plus en plus d'éléments non contrôlés. D'autre part, les tarifs, les conditions de contrôle risquent d'être différents selon la taille des entreprises qui seront clientes d'un centre.

Aux inquiétudes soulevées, le ministre répond que l'État reste maître de l'évaluation des entreprises qui effectueront les contrôles, de l'état de ces centres et de leur méthode... Seulement comme la logique de la politique gouvernementale est de supprimer de plus en plus de personnel, on peut s'interroger sur la capacité de l'État à assurer cette tâche de contrôle.

La raison invoquée à cette privatisation est "qu'elle ne paraît plus relever d'une activité régalienne de puissance publique" selon les termes du rapport ministériel. En d'autres termes, ce ne serait pas du ressort de l'État, qui pourtant en a assumé la charge jusqu'alors. D'autre part on peut s'étonner d'un tel discours alors que le gouvernement actuel prétend faire de la sécurité routière une des priorités nationales. En réalité, derrière le blabla des ministères, les entreprises qui tiennent déjà des réseaux de centres techniques pour les véhicules de tourisme lorgnent sur ce service. Les entreprises sélectionnées acquerront des centres déjà installés et équipés, et pour certains récemment rénovés. Elles seront assurées d'une charge de travail, par exemple en Île-de-France plus de 100000 camions à visiter chaque année.

Leurs perspectives de profits sont quasi assurées, mais pas le service de la collectivité.

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