Sénégal : L'épidémie de choléra s'amplifie03/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1892.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sénégal : L'épidémie de choléra s'amplifie

Depuis près d'un mois, une épidémie de choléra se développe au Sénégal. Le premier cas avait été enregistré à Colobane, un quartier populaire de Dakar, la capitale. Depuis, l'épidémie s'est étendue, dépassant les limites de la ville. Aujourd'hui, les autorités sanitaires sénégalaises recensent 338 cas, dont 4 mortels. Le bilan risque encore de s'alourdir dans les prochains jours.

Le choléra est une maladie de la pauvreté, due à une bactérie présente dans l'eau, et se propage par les boissons et les aliments contaminés. Il se manifeste par de violentes diarrhées et une forte déshydratation. Faute de traitement, cette maladie peut être mortelle. Bien que les autorités sénégalaises déclarent tenir la situation sous contrôle, l'épidémie ne cesse de progresser. Tous les quartiers de la capitale sont désormais touchés, notamment ceux des pêcheurs.

Les quelques opérations de désinfection menées dans les maisons ayant abrité les malades, l'interdiction de la vente de sachets d'eau ou de jus de fruit dans les rues de Dakar, l'information des populations, apparaissent comme autant de mesures tardives et dérisoires au regard de ce qu'il faudrait faire pour enrayer l'épidémie. De nombreux quartiers sont de véritables bidonvilles avec des égouts à ciel ouvert.

Et ce n'est pas en désinfectant, au cas par cas, tel ou tel baraquement où séjournait le malade avant d'être transporté à l'hôpital que l'on peut mettre un terme à l'extension du choléra.

Pour lutter contre le choléra, il faudrait mettre en oeuvre bien d'autres moyens: détruire les bidonvilles, assainir les quartiers. Au lieu de se contenter d'envoyer ses agents verbaliser la population qui laisse traîner les ordures et de désinfecter les maisons au compte-gouttes, le gouvernement pourrait, devant l'urgence de la situation, organiser un service supplémentaire de ramassage des ordures, envoyer l'armée curer les canaux dans les quartiers populaires, désinfecter des quartiers entiers, enrayant ainsi la progression de la maladie. Il pourrait aussi envoyer ses fonctionnaires expliquer à la population les règles d'hygiène élémentaires, en lui donnant les moyens (l'eau potable en particulier) de les appliquer... mais pas seulement le jour où l'épidémie se déclare!

Mais cela semble le cadet de ses soucis. La dernière grande épidémie date de 1995-1996: elle avait fait plus de 200 morts pour près de 10000 cas recensés. Depuis, rien n'a été vraiment fait. Les quartiers populaires sont plus que jamais laissés à l'abandon, tandis que la population qui fuit la misère des campagnes vient s'entasser toujours plus nombreuse dans les taudis de la capitale ou dans les villes de sa banlieue. La politique du gouvernement sénégalais n'a en fait pas changé d'un iota. Abdoulaye Wade, le président actuel, un grand ami de Jacques Chirac, a trouvé sans aucun mal plus de vingt milliards de francs CFA, l'équivalent de 30 millions d'euros (en partie détournés par l'ancien Premier ministre limogé depuis), pour commémorer l'indépendance du pays. En revanche, il n'a pas déboursé un seul centime pour moderniser le principal hôpital de Dakar, dont le personnel s'était d'ailleurs mis en grève en juin dernier. Pas un centime non plus pour assainir la capitale... et prévenir ainsi de nouvelles épidémies.

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