Irak : Le terrorisme des grandes puissances03/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1892.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Irak : Le terrorisme des grandes puissances

Chaque jour ce sont des centaines de civils irakiens, en majorité des femmes et des enfants, qui meurent sous les bombes de l'aviation, les tirs de canons ou les balles des soldats de l'armée américaine. Une revue médicale anglaise, The Lancet, vient de publier une enquête estimant à 100000 ou 200000 le nombre de victimes civiles ainsi tombées du fait des troupes d'occupation, depuis la chute de Saddam Hussein. Ces chiffres confirment la violence que déploient les armées de la coalition engagées dans une guerre atroce contre la population irakienne.

À Fallouja, où l'armée américaine se prépare à donner l'assaut, il ne se passe pas de jour sans raids de l'aviation. Les témoignages qui parviennent décrivent des maisons éventrées par des missiles, des décombres d'où on retire des cadavres d'enfants. Ce qu'ont vécu et ce que vivent encore les habitants de cette ville illustre bien la sauvagerie dont est capable l'état-major américain lorsqu'il se heurte à la moindre résistance.

À Fallouja, les émeutes ont commencé trois semaines après la chute de Saddam Hussein. Le jour de la rentrée scolaire, les troupes américaines ouvraient le feu à la mitrailleuse sur une manifestation réclamant la réouverture d'une école, réquisitionnée pour y loger une division US. On releva dans la foule 17 morts et 75 blessés. En avril, une première offensive américaine sur la ville faisait un millier de morts, deux fois plus de blessés, et obligeait cinq mille familles à s'enfuir dans le désert voisin ou à Bagdad. Les marines durent se retirer, mais dès le mois de juillet les raids aériens quasi quotidiens reprenaient. Aujourd'hui, ceux qui n'ont pas pu quitter la ville s'attendent au pire. Fallouja n'est pas un cas unique. Un peu partout en Irak, sous prétexte de lutter contre le terrorisme, les avions et l'artillerie américaine prennent pour cible la population, suscitant en retour une haine farouche et méritée.

Cette politique qu'ont menée les États-Unis et leurs alliés après le renversement du régime de Saddam Hussein ne fait que prolonger celle qu'ils ont menée pendant la période précédente. Pendant plus de dix ans ils ont prétendu que leur ennemi était le dictateur aujourd'hui déchu. Mais c'est la population irakienne, qu'ils prétendaient libérer, qui a été la principale victime de la guerre.

Lors de la première invasion du pays en 1991, les missiles lancés des navires et des bombardiers avaient fait près de 300000 morts. L'impérialisme français avait alors apporté sa contribution à ce carnage. Les infrastructures vitales du pays avaient été rasées: ponts, routes, alimentation en eau potable et en électricité, plus rien ne fonctionnait. Suivirent près de douze ans d'un embargo meurtrier, durant lesquels les USA, la Grande-Bretagne et la France étranglèrent la population. Pendant ces longues années, la mortalité des enfants de moins de cinq ans doubla, devenant l'une des plus élevées du monde. Dans les villes, l'accès à l'eau potable diminua de moitié, les médicaments de base devinrent introuvables. La malnutrition, inconnue auparavant, fit son apparition. À cette catastrophe s'ajoutèrent des bombardements qui n'avaient en fait jamais cessé. Plus d'un million d'Irakiens, dont la moitié d'enfants, moururent de ce blocus meurtrier. C'est à ce lourd bilan que viennent s'ajouter les morts de la seconde invasion, en 2003, et maintenant ceux de l'occupation du pays par les troupes de la coalition.

En Irak, les grandes puissances soi-disant "démocratiques" ont prouvé que leur terrorisme d'État n'avait rien à envier aux méthodes sanglantes d'un dictateur comme Saddam Hussein qui, de surcroît, fut longtemps leur homme de main.

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