Eurotunnel : Les salariés dans le collimateur03/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1892.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Eurotunnel : Les salariés dans le collimateur

Vendredi 29 octobre, Eurotunnel a annoncé un "plan de redressement". Si, pour le moment, seuls les volets commerciaux en ont été dévoilés, la direction ne cache pas que ce plan "aura des implications sociales". Les syndicats, pour leur part, estiment que, sur les 3200 personnes employées par Eurotunnel, on pourrait s'attendre à l'annonce de plus de 500 licenciements.

Pourtant, lorsqu'il y a six mois l'ancienne direction s'était fait démettre par une nouvelle équipe, celle-ci n'avait pas été avare de promesses et de rodomontades. Selon l'un des artisans de ce renversement, l'affairiste-politicien d'extrême droite Nicolas Miguet, il s'agissait de "la victoire de la démocratie actionnariale" et d'un "grand jour pour la France". Rien de moins.

Mais les petits actionnaires, que Miguet et son allié Jacques Maillot, l'ancien PDG de Nouvelles Frontières, prétendaient défendre, ont dû continuer à avaler la soupe à la grimace. L'action Eurotunnel vaut aujourd'hui encore deux fois moins qu'il y a six mois, lors de l'entrée en fonctions de la nouvelle direction. À 28 centimes d'euros, l'action est bien loin des cinq euros qu'elle valait lors de son émission en 1987. Quant à la promesse d'un "rendement annuel moyen de quelque 17% pendant toute la durée de la concession", elle repose dans le vaste cimetière des attrape-petits-épargnants.

Entre-temps, l'argent n'a pas été perdu pour tout le monde. Les grandes entreprises de travaux publics qui ont construit le tunnel, les banques et les groupes financiers qui ont prêté l'argent, sans oublier les dirigeants d'Eurotunnel eux-mêmes, se sont servis largement, plumant ainsi les petits actionnaires. Depuis la création d'Eurotunnel, les bénéfices réalisés sont ainsi passés intégralement dans les poches des créanciers.

Aujourd'hui, alors que les difficultés s'accumulent, que le nombre de clients n'est pas celui espéré et que les frais financiers d'une dette de neuf milliards d'euros plombent les comptes, c'est aux salariés que la direction s'apprête à présenter la facture. Mais ceux-ci ne sont en rien responsables d'une situation qui a été entièrement fabriquée par et au profit de quelques grands capitalistes.

La direction a cru bon de baptiser son plan DARE, ce qui en anglais signifie "oser". Souhaitons que les travailleurs "osent" eux aussi... s'y opposer.

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