Etats-Unis : Un scrutin guère démocratique03/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1892.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Etats-Unis : Un scrutin guère démocratique

Comme au XIXe siècle, les électeurs américains continuent d'élire leur président au suffrage universel indirect, en désignant des grands électeurs choisis État par État et non pas au suffrage universel direct dans une seule circonscription nationale. Il faut réunir au moins 270 votes de ces grands électeurs pour être élu. Cette règle du jeu avait été mise en place par les premiers dirigeants américains méfiants vis-à-vis du suffrage universel direct.

Le système est encore compliqué par la diversité des techniques de vote qui varient selon les États. Ici on utilise des machines à voter, là des cartes perforées, ailleurs des écrans tactiles, ou bien on remplit à la main des bulletins lus ensuite par des lecteurs optiques.

Et comme rien n'est décidément simple, les électeurs renouvelaient en même temps la totalité des députés, un tiers des sénateurs, quelques gouverneurs d'État, des shérifs. On pouvait aussi répondre à des référendums locaux sur des questions comme: faut-il utiliser ou pas de la nourriture pour appâter les ours chassés en Alaska!

À cela s'ajoute les votes dits "temporaires": on peut s'inscrire au dernier moment sur les listes électorales et il arrive que le nom de l'électeur n'apparaisse pas sur les listes des assesseurs des bureaux de vote. L'électeur peut voter mais son vote ne sera validé que plus tard, si l'électeur était bien inscrit. Il peut être invalidé s'il s'est trompé de bureau de vote... Il y a aussi des électeurs qui ont du mal à s'inscrire sur les listes électorales parce que leur droit de vote est contesté ou des bulletins de vote par correspondance égarés.

Tout le système apparaît d'autant plus contestable quand les deux candidats sont au coude à coude dans les États pouvant faire la différence, puisque dans la plupart des États le candidat qui l'emporte dans un État récupère tous les votes de grands électeurs. En prévision de tous ces litiges, Républicains et Démocrates avaient mobilisé une armée d'avocats dans les bureaux.

On annonce que la participation au vote a été plus importante que ces dernières années. Elle serait supérieure de dix points, soit 60% de votants. C'est peut-être vrai mais ce n'est pas sûr. Avec ou sans litige, le résultat final de l'élection américaine n'est toujours réellement connu qu'un mois après, du fait des multiples vérifications. Et toutes ces dernières années on avait constaté que la participation électorale, toujours annoncée comme meilleure au moment du vote, en réalité s'était érodé. En moyenne, un Américain sur deux ne se déplace pas pour voter. Il y a bien sûr une masse d'indifférents, mais il y a aussi ceux qui comprennent qu'en réalité aucun des deux grands candidats, malgré leurs différences dans la forme, n'a quoi que ce soit à offrir aux classes populaires.

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