Délocalisations : Devedjian comprend bien les patrons03/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1892.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Délocalisations : Devedjian comprend bien les patrons

Le ministre délégué à l'Industrie, Patrick Devedjian, était invité à donner son point de vue sur les délocalisations dans le journal le Figaro entreprise du mardi 2novembre.

Une enquête faite par ce journal souligne en effet que le nombre de suppressions d'emplois dues à des délocalisations est dix fois inférieur à celui des restructurations. Est citée la déclaration de la Direction des relations économiques extérieures du ministère des Finances selon laquelle "les investissements industriels dans les pays en développement -qui concentrent logiquement la majorité de nos délocalisations- représentent une faible part des investissements directs étrangers (IDE), 4% seulement."; ou encore celle de l'une des sociétés chargées d'étudier les restructurations d'entreprise, qui va dans le même sens, affirmant qu'"à ce jour, les restructurations industrielles ont pesé bien plus lourd dans la disparition des emplois en France que les délocalisations".

Devedjian reprend le même constat. Il n'en tire bien sûr pas la conclusion que les délocalisations ne servent que de prétexte aux patrons pour licencier ou pour maintenir de bas salaires. Seuls seraient condamnables quelques mauvais patrons, ceux qui ferment leur entreprise "à la sauvette", ceux qui délocalisent pour récupérer des primes pour s'implanter, bref, ceux qui ne respectent pas un prétendu "code de conduite". "Avec ceux-là, nous devons être sans concession", prétend-il, affirmation dont on peut douter qu'elle sera suivie d'une quelconque mesure concrète contre les patrons incriminés. Il reconnaît donc implicitement à tous les autres patrons, tous ceux qui licencient "dans les règles" et récupèrent en toute légalité les nombreux cadeaux fiscaux que leur fait le gouvernement, le droit de jeter des travailleurs à la rue. "Le libéralisme, c'est la loi, pas la jungle. Tous les coups ne sont pas permis", prétend-il. Mais la loi dont il parle n'est que la loi du profit et le rôle du gouvernement, dont il fait partie, est justement de permettre aux patrons de faire tous leurs sales coups contre les travailleurs le plus possible en toute légalité, en adaptant celle-ci à leurs demandes.

Devedjian ne manque pas de terminer son interview en fustigeant le coût trop élevé du travail et les 35 heures qui ne "facilitent pas les entreprises de main-d'oeuvre. Or ce sont celles-là, en effet, qui délocalisent les premières".

Les propos de ce serviteur zélé du patronat n'ont pas de quoi surprendre, quand il défend le système capitaliste et reproche en somme aux travailleurs d'être trop payés. Et en faisant quelques réserves sur les délocalisations, et encore seulement sur certaines d'entre elles, qui seraient dues à de mauvais patrons, Devedjian ne fait que justifier tous les autres, tous ceux qui multiplient plans sociaux et licenciements sous prétexte d'accroître la compétitivité de leur entreprise. Pour tous ceux-là, le gouvernement a la plus grande compréhension et n'a de cesse d'assouplir les lois en leur faveur.

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