Amiante : Le cas de la faculté de Censier, à Paris03/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1892.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Amiante : Le cas de la faculté de Censier, à Paris

L'animateur du Comité antiamiante de la faculté de Censier nous a apporté son témoignage sur les conditions dans lesquelles, pendant des années, les employés et les étudiants de cet établissement ont dû travailler.

"Comme celle de Jussieu, la faculté de Censier a été floquée à l'amiante. Depuis 1964, date de sa construction (commencée soit dit en passant sans permis de construire), les fibres d'amiante sont présentes partout, salles de cours, couloirs, sans compter les dalles du sol qui libèrent des fibres sous le frottement des chaussures.

De 1979 à 1983, les flocages ont été cachés sous un coffrage. Mais au fil du temps le plâtre a commencé à s'effriter, libérant ainsi des fibres nocives. Il a été également impossible d'assurer l'entretien des canalisations et câbles électriques qui passent sous les flocages sans libérer des milliards de fibres. Puis en 1998-1999, des travaux de désamiantage, qui concernaient uniquement les gaines techniques, ont été entrepris. Les ouvriers au premier chef ont respiré de trop nombreuses particules, tout comme d'ailleurs les personnels, les étudiants et les riverains. On a compté jusqu'à 480 fibres par litre d'air, ce qui est énorme."

Plusieurs plaintes ont été déposées devant les tribunaux "pour non-assistance à personne en danger et mise en danger d'autrui". Il y a eu deux instructions, deux appels, deux cassations. Mais toutes ces actions juridiques se sont soldées par un échec: classement sans suite, non-lieu...

Voici quelques exemples de la marche de l'action juridique, poursuit notre interlocuteur: "Pendant les deux ans d'instruction du dossier, aucune expertise indépendante n'a été demandée, notamment sur quatre cas de morts suspectes et cinq cas de maladie des poumons. Par contre, j'ai été écarté durant deux ans de l'accès au dossier, alors qu'en tant que partie civile je devais avoir accès à sa totalité. La partie adverse, elle, a eu amplement le temps de consulter le dossier et de noter noms et dépositions. Des témoins ont été harcelés et un médecin du travail vacataire a été licencié, suite à son témoignage.

Depuis des années que dure ce problème, il n'est toujours pas résolu. Censier reste à désamianter. Et aujourd'hui, dans cette faculté, le nombre de personnes susceptibles d'avoir été atteintes par les méfaits de l'amiante, et parvenu à la connaissance du comité, a encore augmenté: huit morts et neuf malades des poumons."

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