Allemagne : Les travailleurs de Volkswagen face aux menaces patronales03/11/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/11/une1892.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans le monde

Allemagne : Les travailleurs de Volkswagen face aux menaces patronales

En Allemagne, c'est dans toutes les entreprises que l'offensive patronale pour obtenir des baisses importantes du "coût du travail" se poursuit. Le dernier exemple en date est Volkswagen, premier constructeur automobile européen. L'entreprise serait en difficultés, car elle réaliserait depuis le début de l'année des résultats moins bons qu'espérés, en particulier au niveau de la vente des voitures particulières. Et elle ne prévoit plus qu'un résultat de 1,9 milliard d'euros cette année... contre 2,5 milliards en 2003. Il n'y a pourtant pas vraiment de quoi pleurer!

Mais cela sert de prétexte à la direction, qui veut imposer un plan de réduction des coûts de 30% d'ici 2011 dans les six usines d'Allemagne de l'Ouest, regroupant 103000 salariés, qui sont régies par un accord d'entreprise garantissant, jusqu'à présent, des salaires supérieurs de 20% aux conventions collectives de la métallurgie. Ce plan comprend sept points, dont un gel des salaires pour au moins deux ans, un allongement de la durée du travail et la mise en concurrence des différents sites pour la construction des prochains modèles.

Dans les autres usines allemandes du groupe (regroupant 73000 travailleurs), les conditions de rémunération sont beaucoup moins favorables. Il y a par exemple, sur le site historique de Wolfsburg, en Basse-Saxe, 4000 travailleurs qui fabriquent la Touran, et qui sont payés environ 15% de moins que leurs camarades qui produisent la Golf... à quelques centaines de mètres de là.

Au cours des négociations qui ont duré un mois, le syndicat IG Metall, qui réclamait au départ 4% d'augmentation de salaire, a de lui-même autolimité ses revendications: il ne propose plus désormais qu'une hausse de 2%, la baisse d'environ 10% des salaires d'embauche et un accroissement de la flexibilité. Mais cela ne suffit pas pour le patron. Et le directeur du personnel, Peter Hartz, l'ami du chancelier Schröder qui est à l'origine du plan de réduction drastique des allocations des chômeurs de longue durée, menace de licencier 30000 salariés s'il ne parvient pas à ses fins. Il est évident que Volkswagen n'a nullement l'intention de licencier autant de salariés d'un coup. Il s'agit, une fois encore, d'un immense chantage à l'emploi pour obtenir des concessions de la part des travailleurs.

Face à cette attitude arrogante, le syndicat IG Metall s'est montré extrêmement raisonnable. Il a négocié -si l'on peut dire, puisque le patron ne veut céder sur rien- pendant un mois et a bien sagement attendu l'expiration légale du contrat précédent, fin octobre, pour organiser des débrayages et grèves d'avertissement.

Pour faire peur au patron et l'obliger à reculer, c'est au contraire une attitude offensive qui serait nécessaire, comme l'ont fait les salariés d'Opel il y a seulement deux semaines en bloquant vraiment la production. Pourquoi cela ne serait-il pas possible chez Volkswagen, où l'IG Metall se vante tout de même d'organiser 97% des salariés?

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