Prévisions d’embauche en 2005... mais aujourd’hui, on licencie27/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1891.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Leur société

Prévisions d’embauche en 2005... mais aujourd’hui, on licencie

«Les entreprises qui vont embaucher en 2005 », titrait le journal Le Monde du 26 octobre. Selon une enquête qu'il a menée auprès de 110 entreprises, employant aujourd'hui 2,1millions de salariés, 76 d'entre elles prévoiraient d'embaucher 162000 personnes l'an prochain. Signe de reprise, comme voudrait nous le faire croire le gouvernement, ou simple remplacement des salariés de la génération du «baby boom» qui vont partir massivement en retraite dans les prochaines années? En fait, à regarder les chiffres de plus près, ce n'est ni l'un ni l'autre.

Déjà, annoncer des embauches ne veut pas dire pour autant créer des emplois. Nombre d'entreprises qui déclarent vouloir embaucher plusieurs centaines de salariés annoncent en même temps qu'elles ne feront aucune création de postes: c'est le cas d'Air France, Axa, Auchan, Michelin, L'Oréal, Thales, Total, etc. Dans le meilleur des cas, les embauches pourraient donc correspondre aux départs, volontaires ou à la retraite, mais rien n'est moins sûr. Ainsi, le directeur du personnel de Michelin France l'a clairement affirmé: «Nous remplaçons environ une personne pour trois départs à la retraite.» Autrement dit, même si une entreprise embauche, en France ou à l'étranger, les conditions de travail des salariés, moins nombreux pour effectuer la même somme de travail, iront en se dégradant.

Et puis, dans quelles conditions se feront ces embauches? En contrats à durée indéterminée ou, comme c'est de plus en plus le cas, à durée déterminée ou en intérim? À temps plein ou à temps partiel, comme dans la grande distribution ou la restauration rapide?

Mais surtout, à supposer qu'il y ait réellement des embauches, elles seront loin de compenser les licenciements, et elles n'empêchent pas non plus les entreprises (parfois les mêmes que celles qui promettent des emplois) de continuer à licencier. Ainsi, Michelin, pour ne citer que lui, qui déclare aujourd'hui vouloir embaucher 1000 personnes en 2005, a annoncé il y a quelques mois la suppression de 2900 postes dans ses usines en France.

En un an, le chômage a encore augmenté de 1,2%. Face à cette réalité, les effets d'annonce concernant de futures embauches ne trompent personne.

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