France Télécom et la sous-traitance : Le beurre et l’argent du beurre27/10/20042004Journal/medias/journalnumero/images/2004/10/une1891.jpg.445x577_q85_box-0%2C104%2C1383%2C1896_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

France Télécom et la sous-traitance : Le beurre et l’argent du beurre

Pour la partie Travaux Publics de ses chantiers, par exemple la pose de poteaux le long des routes, France Télécom a recours à des sous-traitants. L'un d'entre eux, Constructel, filiale française d'un groupe portugais, fait exécuter les travaux par des ouvriers portugais, «prêtés» et payés par la maison mère... aux salaires en vigueur au Portugal, salaires qui sont inférieurs à ceux pratiqués en France.

Interrogé par le journal La Tribune, le PDG de Constructel déclare tranquillement: «Pour un ouvrier qui gagne 800 euros au Portugal, nous n'allons pas lui donner 400 euros supplémentaires, car de retour au pays il voudrait les garder.» Mais il oublie tout aussi tranquillement que, pour l'instant, la législation européenne interdit cette pratique: quelles que soient la nationalité des travailleurs et celle de l'entreprise qui les emploie, les minima sociaux et les lois sociales du pays où s'effectue le travail doivent être respectés.

France Télécom, principal bénéficiaire de ce trafic de main-d'oeuvre, prétend ne pas être au courant des pratiques de son sous-traitant. C'est déjà ce que disait une autre très grande société, Alstom, à Saint-Nazaire, dans un cas similaire, en mars 2003. Des travailleurs indiens, grecs, portugais ou autres, travaillant sur le chantier naval, mais salariés d'entreprises sous-traitantes, avaient fait grève pour être payés normalement.

La sous-traitance est une manière, parmi d'autres, de faire baisser les salaires et le grand patronat y a largement recours depuis des années. France Télécom, comme Alstom et d'autres grands groupes, voudrait aller plus loin dans certains cas: bénéficier à la fois des infrastructures et du marché d'un pays riche... et du niveau de salaires d'un pays pauvre. C'est ce que font les armateurs grâce aux pavillons de complaisance. Les capitaux, les clients et les bénéfices sont français, les équipages des bateaux viennent de pays à bas salaires. Cela reste plus difficile à réaliser lorsqu'il s'agit de poser des lignes téléphoniques en France même ou de construire un paquebot géant à Saint-Nazaire. Pour des raisons matérielles et légales bien sûr, mais surtout, et c'est heureux, à cause de la résistance des travailleurs eux-mêmes.

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